2 cv tout terrain : un véhicule à moins de 300 euros

C’est quoi ce truc ? ! A première vue, je miserais sur le croisement hybride d’une 2cv (le bruit), d’un motoculteur (les pneus) et d’un kilomètre de tubes en acier (le reste). Manquerait plus qu’une grande antenne pour qu’on imagine que c’est un jouet télécommandé. A moins que ce ne soit Mel Gibson au volant, auquel cas, c’est que je suis sur le plateau de tournage du prochain mad-max.

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Franchement, en voyant apparaître l’engin, il y a de quoi se poser des questions. Pour ce qui est de trouver les réponses, c’est autre chose. Alors d’un grand signe de la main, je décide d’arrêter le pilote. Malgré l’absence d’uniforme bleu marine et de sifflet, je m’en sort pas trop mal puisque la chose ralentit à ma hauteur.

  » Gendarmerie nationale, vos papiers…non je déconne  »
Présentation rapide, moi c’est Nicolas et toi c’est : Jérôme, et le carrosse s’appelle Firemud. Enchanté les gars.

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Rassurez à l’idée de savoir qu’il ne va pas se faire engueuler par un promeneur intolérant (de plus en plus nombreux), Jérôme commence à me raconter l’histoire de son engin.

Le tout terrain, ça fait un bout de temps qu’il aime ça, mais point de vue budget, c’est autre chose. Surtout quand tu es étudiant. En quoi ? A l’école de police. Ah, la bonne blague de tout à l’heure a dû lui plaire…
Avant les vacances d’été, il a fait le tour de ses économies directement injectables dans sa passion. Après un bref passage en revue des fonds de poches et de tiroirs, il en ressort 1500 francs. Moralité, la première clause du cahier des charges est fixée.

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Première étape, le véhicule de base.

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Au début, il jette son dévolue sur une Cox ou une Fiat 128 pour bénéficier de la propulsion, mais la cote de ses véhicules, quel qu’en soit l’état rend vite le projet irréalisable. Tant pis pour la propulsion. Au détour d’une visite dans une casse, il tombe nez à nez avec une deuche orange. Un rapide contrôle lui permet de diagnostiquer un moteur de 3cv en bon état, un châssis sain mais une caisse irrécupérable. Négocié avec quelques accessoires et pièces mécaniques en rabe, il repart avec le tout pour 1.000 francs.

Deuxième étape, l’aménagement.

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Dans son atelier en plein air, Jérôme désolidarise la caisse du châssis. Une fois le moteur à nu, il entreprend de le démonter complètement pour en vérifier l’état. C’est déjà une semaine de travail qui s’écoule avant que le moteur ne tourne à nouveau.
L’arrière du châssis est raccourci, le ventilateur est déplacé. Il modifie la colonne de direction et décale le pédalier pour une meilleure conduite.
N’étant plus dans l’axe, le levier de vitesse est retravaillé pour qu’il tombe sous la main. Jérôme conserve le compteur de vitesse et la tirette de démarreur. Le contact est remplacé par le bouton des essuies glaces. Tous ces instruments trouvent leur place sur un tableau de bord en inox devant les jambes du conducteur.

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Une grande plaque d’alu striée est pliée et découpée au format du châssis pour venir remplacer l’ancien plancher. Pour des raisons financières, les sièges d’origine et les ceintures sont conservées. Voilà pour le poste de pilotage.

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Le tout est protégé par un arceau multipoint réalisé maison à grand renfort de baguette à souder et de cintreuse. La cage est bien faite et semble solide.

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Pour masquer le moteur, Jérôme conserve le capot d’origine mais en modifiant ses points d’attache. Ca y est, la bête est parée à rouler après 4 semaines de travail.

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A la première impulsion sur le bouton, le moteur s’élance. C’est bon signe. La sortie initiale a pour but de révéler les faiblesses de la machine. Suite à deux bonnes heures de ballade, le pilote se rend compte de la réussite globale en termes de fiabilité, de tenue de route et de simplicité d’utilisation, mais constate de nombreuses imperfections en utilisation tout terrain.

Pour augmenter la garde au sol, il démonte les amortisseurs et coupe les tubes afin de surélever la caisse de 15 bons centimètres. Mais ça n’est pas suffisant !
La monte de pneu d’origine est inutilisable dès que le sol devient meuble. Du coup, elle est remplacée à l’avant par des pneus de motoculteurs en 16 pouces de diamètre. Sur le papier, ce sont encore 4 centimètres de gagnés.
A l’arrière, les galettes sont remplacées par des pneus de 195 de large histoire de donner de la gueule à la bête et d’en améliorer les appuis.

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Pour les longues soirées d’hiver et les sorties qui finissent tard, Gérôme installe 4 longues portées de récupération.
Pour parfaire le look ravageur de son engin, Jérôme décide de le peindre. Les jantes sont badigeonnées de jaune, l’arceau reçoit quelques couches de rouge et le capot arbore un magnifique flamming fait maison.

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  » Maintenant, ça passe bien mieux !  » me dit-il en me proposant le siège passager. Tu penses bien que je n’allais pas rater une occase pareille. Et c’est parti pour une petite zone sympa, faite de montées, de descente de marches et de gros dévers. Quelle démonstration ! Ca grimpe partout, les débattements sont monstrueux. Face à la pente, il se donne quelques mètres d’élan et se retrouve en haut sans le moindre souci. On redescend de l’autres coté. Le rayon de braquage nous permet de tourner autour des arbres. Les trous sont gommés par les suspensions. Que ça monte ou que ça descende rien ne l’arrête. Jérôme multiplie les passages dans tous les sens. Ca paraît si simple. Même par cette journée a moins 5°, les pneus trouvent suffisamment d’adhérence pour hisser les 200 kgs du buggy en haut de tous les raidillons.

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Parfois ça gratte un peu, ça patine, mais ça monte toujours. Je suis assez impressionné. Pourtant je n’ai encore rien vu. Le pire, ce sont les dévers. L’absence de poids en hauteur permet de prendre beaucoup d’angle. Pour me le prouver, Jérôme se met en tête de passer en travers l’intégralité des pentes sur lesquelles on vient de jouer. Pas peureux de nature, et amoureux du dévers, j’ai tout de même quelques appréhensions quand je vois le plan incliné qu’on s’apprête à enrouler. Firemud bascule sur l’arête et se stabilise dans la pente, la caisse ne bouge pas, on sent que ça penche mais aucun roulis. La traversée se fait sans la moindre notion de basculement, les roues restent collées au sol. J’ai même l’impression qu’il y a de la marge. Un vrai bonheur.

Finalement, après une telle démonstration, j’ai l’honneur d’essayer le jouet. Mis à part les capacités de franchissement, je suis surtout impressionné par la facilité de conduite. Les vitesses passent à merveille, les freins freinent dans l’axe, l’embrayage ne patine pas. Bref, c’est du bricolage mais pas du bidouillage. Tout marche bien. Par contre, je suis bluffé par la vitesse de passage en chemin défoncé. Rien à voir avec mon Range pourtant assis sur des ressorts d’origine. Au retour, j’ai bien essayé de le suivre, mais je n’y suis pas parvenu.

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Une fois arrêté, j’apprends que le buggy doit encore subir quelque modification. Un tube de renfort viendra prendre place à l’avant pour protéger le pilote en cas de basculement. Et ultime modification, Jérôme souhaite installer des freins séparés en reprenant le freinage d’origine, ou bricoler un blocage de différentiel. Bonne chance.

Je le quitte content. Heureux d’avoir pu rencontrer un jeune comme celui-là, plein de passion et de courage. Si vous êtes comme moi, et que son bricolage vous a amusé ou intéressé, vous pouvez toujours le contacter par l’intermédiaire des commentaires de cet article. Et puis, pour ceux qui seront à Villevenard cette année, il y a fort à parier que Jérôme et son Buggy seront sur le stand du Journal.

Par contre, je préfère replacer de suite les choses dans leur contexte. Il s’agit bien d’un véhicule bricolé de deux roues motrices. Ce n’est pas une bête de trial implantable. Mais pour un jouet fait maison avec un budget aussi modique, moi je dis : Chapeau bas.

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