Carta Rallye 2025, avant la course

Carta Rallye 2025. Plage Blanche, en bordure de l’oued au Nord, la brise marine emporte son odeur iodée vers l’intérieur des terres. Vue sur l’océan et les vagues qui battent sans cesse cette grande étendue sauvage de sable de plus de 40 km de long, seuls de rares touriste viennent bivouaquer ici sans sembler déranger les colonies d’oiseaux et les quelques pêcheurs qui, le soir, rentrent dans leurs cabanes ou profitent un peu du coucher du soleil. 

Carta Rallye Plage Blanche-
Carta Rallye Plage Blanche-
Plage Blanche au coucher du soleil
Plage Blanche au coucher du soleil

C’est donc à 250 km au sud d’Agadir, au royaume Chérifien, sur un petit surplomb, que l’organisation du Rallye Carta 2025 a donné rendez vous aux différents teams et pilotes qui vont participer à la course.

Pour le moment, nous sommes encore loin de l’ambiance course mais les équipes de Chris Armelin ne chôment pas pour autant, c’est le calme « relatif » avant la tempête. Montage du campement, des tentes pour les équipes, de la cuisine, tout se met en place dans ce fabuleux décor.  L’équipe médicale fait ses dernières vérifications de matériel, s’occupe des connexions Starlink pour rester connecter en permanence avec le PC Course afin d’apporter une sécurité optimale. Les premiers camions de transport des 4×4, buggys, motos et SSV sont arrivés et débarquent le matériel, les stands se mettent doucement en place. 

Le bivouac est un grand classique dans le monde du rallye raid, et celui-ci va, à coup sur, apporter son lot de dépaysement aux concurrents et les plonger directement dans cette chaleureuse ambiance marocaine. 

tentes VIP Carta
tentes VIP Carta
salle de bain dans les tentes VIP
salle de bain dans les tentes VIP

Chris Armelin nous parle de sa course, le Carta Rallye

Au début du Carta, j’avais rencontré le chef d’un petit village entre Taourirt et Debdou qui m’a mis à disposition des bâtiments qui étaient abandonnés. On les a remis en état et les premiers concurrents sont venus, c’étaient tous des potes, on devait être 18. On a fait bosser un peu les gens du coin. Pour rentrer c’est un pote qui m’a payé le carburant, c’était un peu comme ça. C’était en 2014.

En 2015 pour le second, j’aimais bien cette région là, on est revenu. On a fait le départ d’Debdou. Beaucoup de gens passent par là mais peu s’arrêtent, c’est juste au pied du plateau du Rekam. On a utilisé un ancien internat pour se loger, on a remis en condition les toilettes, les douches, des femmes du village sont venues préparer à manger. On devait être une centaine. Fin de première étape, on a eu un hammam pour les concurrents. 

Moi, ça fait 40 ans que je viens au Maroc, j’adore venir là, j’ai beaucoup d’amis, je n’ai que du positif pour le Maroc. Dans l’organisation des rallyes je n’ai pas eu que du positif (rire), mais au final tout va bien. Les autorités sont toujours disponibles. Je travaille avec la FRMSA, la fédération, c’est un choix que j’ai fait depuis le début. Et récemment aussi avec la FRMM. On a une grosse assistance au niveau du ministère du tourisme et des autorités, on est toujours bien reçu. Cela permet de gérer l’organisation, car il y a beaucoup de rallyes qui se font dans le même coin en même temps. On évite de croiser nos traces, mais c’est difficile avec tous les raids ou rallyes non déclarés. 

Une des particularités du Carta jusqu’en 2023, c’était qu’on avait deux catégories, j’avais la GPS Cup qui était de la navigation sur des points avec de la navigation et un classement sur la distance parcourue, sans notion de vitesse, façon orientation. On avait pas mal de monde, comme la catégorie raid, c’était super sympa mais là ça fait trop de travail, c’est difficilement gérable. Je me suis concentré sur la catégorie cross country et maintenant il n’y a plus que celle-là.

Depuis l’année dernière nous avons introduit la catégorie moto sur le Carta Rally. On avait 4 motos sur l’édition 2024 et là en 2025 nous en avons 46. Je pense qu’on a un peu gagné le pari là dessus. On a un partenariat avec Ténéré Spirit Expérience (ils en ont aussi un avec l’Africa Race dont on est très proche, Jean Louis Schlesser m’avait contacté pour m’envoyer des clients, c’était un honneur,  lorsque leur édition 2023 n’avait pu avoir lieu, nous avons un peu la même vision du rallye raid, un peu à l’état « brut » avec des bivouacs et des road books bien faits, il y a un esprit rallye raid. On a un beau plateau avec Benji Melo qui finit deuxième au Dakar en malle moto, on a beaucoup de motards jeunes qui sont très présents aussi sur les réseaux sociaux, avec Yamaha on a des pilotes de pointe comme Allesandro Botturi et Gauthier Paulin, on a un champion marocain qui gagné le rallye du Maroc, Souleymane Addhari, nous avons des roumains qui viennent plus nombreux cette année. Il y a plus de pilotes internationaux en moto qu’en voiture ou SSV où c’est plus français. Des lituaniens viennent aussi. Tout ça fait un peu de « nouveau sang » dans le rallye. C’est important pour la suite.

Après je pense que la qualité des prestations et des road books qu’on propose, le tout dans un budget raisonnable (un hélico, c’est pas compliqué ça coûte dans les 90 000 € la semaine). En plus tout a augmenté depuis le Covid. Les tarifs proposés sont totalement acceptables avec notre mixte bivouac et hôtel. Ça fait vivre aux concurrents le rallye raid mais avec un peu de confort.

On a une très bonne convivialité, tous les soirs les gens et l’orga passent du temps ensemble. 

On est une petite structure on a 60, 65 orgas avec les médias, les médecins (nous avons chirurgien, urgentiste, anesthésiste, on a 4 ambulances, un hélico avec deux médecins, un médecin motard qui suit les autres motos, dans chaque ambulance on a un chauffeur que nous choisissons, ils savent rouler sur les pistes et on a un urgentiste dans le véhicule). L’année dernière il y a d’ailleurs eu une opération de la main en attendant que la personne soit évacuée, et ça l’a bien aidé dans son rétablissement sur le long terme. Nous avons aussi un staff médical marocain qui permet d’être au plus proche des infrastructures locales et de faciliter la prise en charge et le dialogue avec elles. De plus, ils connaissent parfaitement les différents hôpitaux et cliniques. Pour les sections de dunes cette année, j’ai rajouté un SSV médicalisé pour avoir des interventions rapides dans les dunes.

Nous avons 7 étapes, 2000 km de spéciales en course, on a peu de liaisons. On voulait faire un prologue mais avec le monde qu’on a, entre l’administratif, les vérifs, nous n’aurons pas le temps. On aura quand même une zone de shake down. 

Une des autres particularités du Carta c’est que nous avons des ravitaillements tous les 120 km, à la fois pour des raisons de sécurité et éviter que les concurrents doivent investir dans des réservoirs supplémentaires. Très honnêtement ça nous complique la vie pour la logistique mais ça permet à nos équipes de vérifier que pour les motards ils aient de l’eau, savoir si les pilotes vont bien, on peut aussi leur donner à manger. C’est une DZ, ils ont 20 minutes et c’est pour tout le monde. Pour les SSV ça leur permet aussi d’éviter de transporter du poids en plus. On l’a fait surtout pour des raisons de sécurité, ça permet d’éviter les refuelings « artisanaux ». Les gars ravitaillaient, le chrono continuait à tourner, ils prenaient des bidons d’essence, c’était un peu à l’arrache. Quand on voit le danger de ces situations, là on est très sécuritaire. Ils sont obligés de sortir de leur voiture, on a des équipes avec extincteurs, on n’est pas dans le rush. Ça évite aussi les distorsions entre ceux qui ont un gros réservoirs et les autres. On diminue aussi les risques d’un concurrent qui après avoir perdu du temps à refaire le plein roulait gaz pour rattraper son retard et doubler ceux qui l’avaient passé. Avec les motards c’est encore plus pertinent, ça rajoute de la sécurité supplémentaire. Pour ceux qui ont des soucis mécaniques, ils peuvent aussi avoir leur assistance si le refueling se fait au bord du bitume. On essaie chaque jour d’avoir au moins un point où les mécanos peuvent bricoler, façon assistance rapide. Ce qui est pratique pour les teams qui viennent pour faire des réglages, déverminer leur voiture pour des gros rallyes, c’est idéal.

Cette année encore on aura une quarantaine de SSV, des teams comme ZZ Kustom avec 5 SSV, les lituaniens, les bulgares, 10-11 voitures, beaucoup de pilotes prennent de la bouteille et ont envie d’être plus confort et passent au SSV. En voiture on a deux MD, les Dunbees, un Tarek VW, un SMG.

J’aimerais plus de diversité sur les prochains rallyes, je vais travailler dans ce sens, prendre mon bâton de pèlerin et rencontrer des teams à l’international. Je ne pousse pas pour la catégorie classique, il y a des passionnés qui font ça très bien déjà et les classiques c’est mieux qu’ils puissent rouler entre eux sans SSV ou d’autres gros véhicules récents.

Nous avons eu beaucoup d’évolutions dans les trois dernières années avec la venue de Sébastien Delaunay et la présence de véhicules de plus en plus rapides. On a imposé une limitation à 140 km/h pour les SSV qui sont de plus en plus performants. 

Seb fait des parcours très techniques ce qui naturellement diminue aussi les vitesses de pointe. On se donne beaucoup de mal pour faire de tracés bien techniques, aller dans des coins où nous ne sommes pas encore passés. Si c’est pour faire tout droit 30 bornes, ça n’a pas d’intérêt. J’aime bien laisser carte blanche à Seb. On décide grossièrement du parcours avec départ / arrivée, du kilométrage global, des types de terrains. Il m’envoie ensuite ses traces, on vérifie. Je lui fais 150% confiance, il ne faut sûrement pas brider son expertise et son enthousiasme. Je n’ai pas l’expérience de copilote pro, lui fait beaucoup de grosses courses, FIA, Dakar, dans des T1+, c’est vrai que sa façon de créer un road book n’a rien à voir avec beaucoup d’autres road books, en tant que copilote il a une vision concrète. On est très complémentaires, on s’entend très bien, il y a un respect mutuel, chacun son job, chacun le fait au mieux. On a plaisir sur le résultat final. Il gère aussi tout le coté sportif. Moi je me garde bien de rester en dehors de ça. Il a une expertise d’un directeur sportif qui comprend les situations, quand il faut trancher, lui ayant été de l’autre coté de la barrière comprend les implications de toutes les décisions qui pourraient ne pas être équitables. 

Le plateau du Carta 2025 comprend 46 motos, 40 SSV et 10-11 voitures. La caravane représente environ 320 personnes.

Pour notre orga nous avons des cuisinières marocaines qui font à manger. J’ai un ami chef en France qui vient aussi nous aider. Dans l’orga beaucoup viennent sur le Carta et la Baja, on a aussi des nouveaux, mais souvent les gens reviennent sur plusieurs éditions, même si ça n’est pas toujours facile pour tout le monde. L’équipe est soudée, on peut compter les uns sur les autres même si c’est stressant, il y a beaucoup de taf.

Nous avons aussi des commissaires marocains qui viennent du club du Grand Maghreb, très rigoureux. Je ne me vois pas sans avoir de Marocains dans mon orga ou ne pas faire travailler les gens du pays. Ca fait partie de ma passion et de ce que j’aime faire au Maroc. Il faut être respectueux de ça, on est super bien accueilli, il y a dans le monde peu d’endroits où on peut pratiquer notre passion. 

Dernière chose, depuis trois ans nous sommes en road book électronique, pour la sécurité on bosse avec Stella qui est aussi sur les Baja FIA, SCORE aux USA, etc. C’est un partenariat sympa, on a quelqu’un de leur team avec nous, ils sont contents de bosser avec Seb car toutes les données qu’il leur donne sont très précises. On travaille avec Terra Pirata comme logiciel, on s’est pas mal impliqué avec ces jeunes portugais dans le développement. Au delà du tracking il y a aussi le système Sentinel, à mon avis qui est indispensable surtout quand on a des motos et en rallye raid en général.

poste médical Carta Rallye
poste médical Carta Rallye

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