Commémorations du 6 juin 1944 en Normandie
Mémoire, paix et Jeep
Début juin, la Normandie était de nouveau sur le pied de guerre. Il était tout à fait normal qu’après 70 ans, on célèbre dignement la date du 6 juin 1944 en grand format avec présence obligatoire des chefs d’état. Cette semaine intense côté événements fut comme à l’accoutumée un heureux mélange d’événements officiels et populaires sur fond de passion et de recueillement. Pour les associations de conservation de véhicules militaires et les groupes de reconstitution, participer à Overlord fait partie des incontournables que tout passionné se doit de ne pas manquer. L’ambiance était à la hauteur du devoir de mémoire qui restait dans tous les esprits face aux 1 800 vétérans présents qui ont sillonné villages et plages de ce débarquement, dont l’ampleur reste unique dans notre histoire.
De Ouistreham à Cherbourg, le petites routes du bocage Normand ont eu bien du mal à absorber cette affluence inhabituelle. Le programme de cette semaine où l’on célébrait les 70 ans de l’opération Overlord provoqua bien la nouvelle invasion annoncée. Alors qu’en 1944 elle consistait pour les alliés à reprendre pied à l’Ouest de l’Europe, en 2014, ce sont des millions de visiteurs qui sont venus rendre hommage à ceux qui ont vaincu la barbarie au nom de la liberté.
Les cérémonies officielles rassemblant de nombreux chefs d’états, les feux d’artifices, le parachutiste de Sainte-Mère-Église, les nombreux musées, les parachutages, la pointe du Hoc, les cimetières, les plages et les défilés, les rendez-vous étaient nombreux pour ceux qui avaient osé la Normandie en ce 6 juin.
Des convois de 200 véhicules militaires !
Dans toutes les villes et petits villages qui sont sortis de l’anonymat durant la bataille de Normandie, les campements d’associations ont poussé. On y retrouve les passionnés d’histoire, d’uniformes et bien évidemment des véhicules de l’époque. Tout le matériel militaire est représenté par au moins un exemplaire qu’on aperçoit parfois subrepticement au détour d’une petite route. Entre chars Sherman, camions Dodge, GMG amphibies, Ford M8 et 20 à 6 roues, c’est une armée de Jeep Willys et Ford qui occupe les terrains de camping, les chambres d’hôtes, les hôtels et parfois les champs où, à leurs côtés, on a reconstitué de toutes pièces un planeur Waco.
Dès le mardi 3 juin, on s’était donné rendez-vous sur les plages du débarquement pour mieux se mettre en ordre de bataille et rouler vers Bayeux, Carentan, Arromanches, Ouistreham, Isigny-Sur-Mer et défiler en déclenchant une ferveur incroyable. C’est le bond dans le temps sur fond de cornemuse, on s’y croit lorsqu’une maman tend son enfant aux passagers d’un char, qu’on lance des fleurs aux pilotes de Harley Davidson et qu’on court ramasser des chewing gum lancés depuis une Jeep. Une sacrée performance que d‘avoir rassemblé quelques 200 véhicules. Pierre Torchaussé président du MVCG France ne cache pas que… le plus difficile fut l’aspect administratif en amont de ces commémorations…
Mais, la récompense est là, on revit, sept décennies plus tard, quelques parcelles des sensations qu’ont pu ressentir nos vétérans toujours au cœur de l’action en cette année 2014. En effet, les 1 800 survivants de cette bataille présents en ont encore sous le pied à l’image de l’Anglais Bernard Jordan qui à 89 ans a faussé compagnie aux infirmières de sa maison de retraite afin de se rendre en Normandie. S’ils se demandaient encore tous comment ils avaient survécu à cette bataille sans merci, à l’occasion de cette semaine, on les a retrouvés non seulement honorés durant les cérémonies officielles, mais aussi sautant en parachute, défilant dans des chars et sous l’eau à la recherche de leur bateau coulé au large.
Le 6 juin 1944 fut le premier contact avec le combat pour la majorité des 150 000 hommes qui participèrent à l’opération Overlord. Une journée qui a changé leur vie. Un sacrifice sur l’hôtel de cette liberté, toujours en danger.