Enfin le confinement est derrière nous et les essais de voitures avec les constructeurs peuvent reprendre. Mon premier post-covid, ce sera donc l’essai du nouveau Land Rover Defender 2020.
Le design du nouveau Defender
Le nom de Defender n’est pas facile à porter car il y un héritage de plus de 70 ans depuis les premières version des Serie I. Après 10 ans d’interruption Land Rover revient sur la scène 4×4 avec la nouvelle version du mythique « Def ».
Après divers concept cars et des essais stylistiques, le nouveau design du Defender reprend, sous le coup de crayon de Gerry McGovern, les codes de ce qui a été un des plus grand succès dans le monde du vrai 4×4. La silhouette a certes évolué mais l’aspect cubique se devine encore malgré une face avant plus arrondies. On ne pourra que le qualifier de néo-rétro. Entendez par la un relooking qui fait place à la modernité mais en conservant un air des anciennes versions. Certains vont aimer, d’autres pas mais le apri est malgré tout tenu car on le reconnaitra comme un Land Rover, impossible de se tromper. A l’intérieur on retrouve aussi par exemple les poignées de chaque côté de la planche de bord, le gros cubby box. La roue de secours est toujours située sur la porte arrière, et des tas de petits détails nous ramènent à l’ancien Def.
Par contre les plaques striée sur le capot sont en plastique et non pas en alu …
Land Rover Defender 110 P400
Après avoir roulé sur des toute sorte de 4×4 depuis des années et essayé des tas de véhicules, je vais essayer d’aborder cet essais su nouveau Land Rover sans à priori et de vous retranscrire mes impressions tout en gardant dans un coin de mon cerveau toute cette lignée d’ancêtres qui l’ont précédé. Je vais rester factuel.
De surprises en surprises, c’est top !
Alors une fois installé et la porte refermée, la première chose qui me vient à l’esprit c’est :
- je suis bien installé et je peux faire tout un tas de réglages sur mon siège
- mon coude ne cogne pas la fenêtre à gauche
- les pédales et le volant sont bien en face de moi
Je ne vais pas vous faire l’affront d’expliquer pourquoi cela peut sembler bizarre. Ceux qui ne comprennent pas et bien essayez un ancien Defender vous verrez.
Sinon il y a un grand écran tactile, des prises USB, un GPS, des feux à LED, un toit panoramique, et plein d’autres trucs sympas comme des aides à la conduite : régulateur, maintien dans la file, lecture des panneaux, surveillance des angles morts ou encore le tableau de bord numérique qui est paramétrable. Le rétro central est connecté sur une caméra, on peut bourrer le très grand coffre et voir quand même ce qui se passe derrière. La climatisation est au top. Les sièges sont chauffants. Le Def a fait sa conversion vers le 21ème siècle.
Un coup de clé ou plutôt un appui sur le bouton pour démarrer le moteur. Je pose ensuite la main sur le minuscule levier de la boîte auto qui me change énormément de l’immense tringle vibrante de la boîte méca de son grand père. Et hop c’est parti.
Il ne me faudra pas plus d’un kilomètre pour perdre complètement un de mes repères par rapport à l’ancien cube d’alu. Le nouveau Defender est confortable. C’est plutôt normal car il est doté d’une suspension pneumatique à gestion électronique. J’aperçois un ralentisseur donc j’accélère un peu et là nouvelle surprise, ma tête ne heurte pas le plafond, wow.
Ah et en parlant d’accélération, c’est bien la première fois (à part sur la versions du Defender Edition Limitée de 1998 qui était motorisé par un V8 4.6 l) que je suis dans un Defender qui pousse. Si si je vous assure, il y a enfin un moteur dans un cube. Ici c’est le 3.0 l 6 cylindres essence turbo qui développe 400ch et 550 Nm !
La route est droite, jusqu’ici tout se passe bien mais sur mon parcours routier, je tombe sur des petits virages, nouvelle surprise, le new Def vire à plat, fou non ?
Vient ensuite l’épreuve de l’autoroute tant redoutée par les conducteurs des anciens modèles, en effet dans le monde d’avant il n’était pas si aisé de maintenir une vitesse de 130 km/h tout en étant bien au milieu de sa voie de circulation. Ici plus de soucis et un essai sur circuit prouve qu’on peut même aller au delà et taquiner le 190 km/h vitesse à laquelle il est bridé. Ah j’oubliais, encore une autre surprise, je ne suis pas obligé de mettre le volume de l’autoradio à fond pour entendre quelque chose. Je vais même m’avancer à dire qu’on peut rouler vite et discuter avec ses passagers sans hurler, c’est une véritable révolution. Désolé chers amis taciturnes, mais avec ce Def vous serez obligé de faire la causette.
Un tout petit essai du Defender 2020 en tout terrain
Lors de cet essai, je n’ai pu essayer cette version du nouveau Defender que sur une petite piste qui malgré tout présentait des exemples de zones telles que : montée et descente, dévers avec bascule, croisement de pont.
Notre modèle P400 First Edition est doté de toutes les aides électroniques possibles. C’est un domaine dans lequel Land Rover excelle. Le terrain Response 2 est vraiment un système de gestion de motricité excellent qui peut faire passer un conducteur novice pour un trialiste. Évidemment il y a une boîte de transfert et on engage donc les vitesses courtes et on remonte le 4×4 au maximum sur ses suspensions pneumatiques. Il y a aussi en complément un blocage de différentiel électronique qui n’est pas de série. On peut observer où on mets les roues via un système de caméra qui couvre à 360°. Le Terrain Response est paramétrable, on a aussi le HDC si on veut limiter sa vitesse en descente, etc, etc. Le dévers se passe sans soucis, j’essaie de mettre le véhicule en difficulté lors de la bascule où il va se retrouver avec deux roues dans le vide, pas de soucis. Je verrai bien dans les croisements de ponts si je peux le bloquer. La encore l’électronique va faire merveille alors que je m’arrête au moment d’aborder le lever de roue. Ca grip à merveille même avec les pneus routes. Je regrette de ne pas avoir pu faire des essais sable, rochers etc mais ça sera pour une autre fois. Mais je reste persuadé qu’avec la gestion électronique, les 4 roues indépendantes, les angles d’attaque et de fuite qui sont bons et enfin la garde au sol de 291 mm, rien ou presque ne lui fera peur.
Il est pensé tout terrain, on ne peut le nier, avec par exemple un vrai fond plat, l’échappement ne dépasse pas, vrais bas de caisses plats, rien ne dépasse, le véhicule ne se tord pas, batterie dans un compartiment protégé de l’eau, caoutchouc remontant sous les moquettes pour pouvoir le nettoyer.
J’ai des doutes …
Le tableau semble idyllique mais je ne peux m’empêcher d’apporter quelques bémols à toutes ces bonnes surprises évoquées au dessus.
Alors sans vouloir me la jouer vieux con, rétrograde et refuser la modernisation d’une de nos icônes favorites, je note quand même que c’est bourré d’électronique. Alors certes c’est bien car ça permet de passer pas mal de zones sans soucis mais au vu des 3 Land Rover que j’ai pu avoir par le passé et les quelques …. petits ennuis que j’ai vécu avec, la fiabilité sur le long terme des capteurs, suspensions pneumatiques etc me pose problème. Après il faut être réaliste, à l’heure actuelle TOUS les véhicules ont de l’électronique embarquée, sinon il va falloir acheter un Toyota Serie 7 ….
Autre point important c’est la modification du 4×4. En effet le rehausser, lui adjoindre de nouveaux équipements etc ça fait parti du plaisir. Ici avec 4 roues indépendantes, un châssis monocoque ça va être plutôt compliqué. Au pire vous pourrez piocher dans une gamme assez large de produits Land Rover mais dont les tarifs sont très conséquents.
Un nouveau Defender oui mais pour qui ?
Au vu de ce que je vous ai exposé, j’en vois déjà qui font des bonds avec des réflexions du genre « mais qu’est ce que c’est que ce truc », « où est passé le vrai Defender », « c’est un truc de bobo », « comment imaginer de traverser l’Afrique avec ça », etc etc etc. Mais là n’est peut être pas la question.
En effet malgré l’attachement sentimental aux anciennes versions inconfortables, à la direction plus que floue, à la sous motorisation, il faut tenir compte du fait du peu de ventes des 90, 110 et autres 130. Ces véhicules ne concernaient qu’une infime partie dont j’espère que vous lecteurs aimiez bien. Mais avec un marché mondialisé, la cible de cette version n’est certainement pas française. Le segment des véhicules de Land Rover depuis ces dernières année concerne de plus en plus des personnes qui recherchent des SUV confortables et qui ne pratiquent pas ou peu le tout terrain comme nous, nous le concevons. L’ancien Def a vécu et vive le nouveau Def même s’il ne correspond pas aux attentes des quatquatreux purs et durs. Mais il fera le bonheur des conducteurs aisés qui seront capables de se l’offrir. Et pour ce coeur de cible ça sera acheter une part du mythe Land Rover sans avoir à subir les « inconvénients » des anciens modèles.
Tarif et prix du nouveau Defender
C’est là où les choses se compliquent très très sérieusement …
La version que j’ai essayée n’est pas du tout celle de base, on a le moteur essence 3.0 l turbo de 400ch, la suspension pilotée, quelques options comme le blocage de différentiel arrière 1 234 €, le film de protection satin sur la carrosserie 4 240 €, la climatisation auto 3 zones 1 204 €, le crochet d’attelage déployable électriquement 1 331 € et on arrive à : 91 830 €. Ah oui quand même et c’est SANS LES TAXES ! Pour rappel pour le moment la taxe CO2 pour ce moteur qui est à 255 g de CO2 c’est 20 000 € sans passer par la case départ.
Malgré tout on a moins cher, en effet le prix du plus petit modèle du nouveau Defender est de 49 990 € en version 90 basique. Pour le Defender 110 le tarif passe à 55 900 €. Toujours sans les taxes.