5h30 samedi 29 Mars, le soleil se lève dans un peu loins d’une heure, mais une certaine agitation commence à retentir sur le rallye Merzouga 1000 Classic (مرزوقة 1000). Les équipages s’éveillent, se préparent et vont petit déjeuner avant de prendre la route à 6h30 vers la première spéciale.
Le start se situe à une dizaine de km de Foum Guid. Avec un peu de retard du à l’arrivée tardive de l’hélicoptère, la première voiture s’élance. Grégory Florin et son copilote Christophe Bouvet sur un buggy Fast & Speed #202 vont ouvrir la course.
Au programme 352 à parcourir. Cap au Sud vers le Lac Iriki avec une piste très roulante. Il a fallu Faure attention car en absence de vent, la poussière soulevée par les buggy et 4×4 restait au dessus de la piste. Il a été difficile de voir la piste sur ces premiers kilomètres. En bordure du lac, on part cap à l’est pour ensuite revenir en passant un peu plus au sud. Là encore c’était très roulant avec peu de dangers, peu d’ornières. Après les inondations de l’année dernière c’est redevient normal.
Après pour le plaisir, les équipages ont franchi des petites dunettes que les pilotes ont apprécié. Les pistes deviennent plus sablonneuses en bordure de l’Erg. D’ailleurs certains véhicules se sont ensablés.
Tout le monde remonte ensuite au nord pour revenir et traverser le goudron de la route qui relie Foum Zguid à Tissint. En reprenant la trace il y avait un peu de hors piste et beaucoup de végétation, là on navigue au cap, puis la ligne d’arrivèe. Belle étape variée et roulante et de plus de 300 km, voilà de quoi se mettre en jambe.
Grégoire De Mévius Range Halt’Up
Je suis Belge, j’ai commencé le rallye en 1984, j’en ai fait jusque 98 et en 99 j’ai fait mon premier Dakar. Au total j’en ai fait 7, j’ai remporté quatre étapes et mon meilleur résultat c’est 8ème. J’ai arrêté le Dakar en 2005 suite à une blessure à la colonne vertébrale.
Je ne pensais plus rouler mais en 2009 des amis m’ont proposé de faire de l’historique rallye, j’ai fait le Maroc Historique 10 fois, 3 fois East African Safari Rally Classic et en parallèle j’ai commencé à collectionner des voitures de rallye et par hasard, j’ai appris qu’il y avait un très beau Range Rover Halt’Up à 15 km de chez moi. J’ai trouvé la fille de l’ancien propriétaire Mr Piron, Virginie qui me la montré et accepté de le le vendra car il y avait beaucoup de monde dessus. Une des conditions était de le restaurer à neuf. Elle continue d’ailleurs à suivre mon épopée avec ce Range. Elle est venue aux essais.
En théorie le premier historique que je voulais faire en raid était avec Yves Loubet, mais finalement le rallye n’a jamais été mis sur pied. Je cherchais une épreuve à faire avec la voiture qui é&tait finie, qui ne dépasse pas 5-6 jours de course et la Merzouga 1000 Classic est la première épreuve qui est dans ce format là. Cette année tout s’est bien mis, on avait le temps de tester la voiture en Belgique, on s’est dit qu’on était prêts.
J’aime bien rouler un peu à la bonne franquette, je ne veux plus de stress, je préfère découvrir au fur et à mesure. Mon copilote c’est son premier rallye raid, il faut le temps qu’il comprenne comment ça fonctionne. Il avait fait des Baja mais en Baja il n’y a pas de navigation. On a jardiné un peu et loupé deux waypoints pénalisants mais sur la fin on a mieux compris comment valider ces waypoints sans être influencé par la poussière de la voiture qui est devant. Demain sur ça on serra mieux. Sinon le rythme était correct, je sais que je ne peux pas aller beaucoup plus vite sur ce genre de voiture qui date 1988. C’est quand même Beaucoup plus vieux que la plupart des buggys . Pour moi une spéciale réussie, c’est quand on n’est pas sorti de la voiture. Ca veut dure qu’on na pas crevé et qu’on a pas eu de soucis techniques. Nous avons juste eu un soucis de freins à l’arrière sur les 50 derniers km.
Franchement, j’étais surpris par cette première spéciale et de passer 4 heures vingt dans la voiture. Je pensais que ça serait plus facile pour une première. Pour remettre tout le monde dans le bain, notamment pour les débutants j’aurais peut être fait un, peu plus facile. Pour moi ça a été même si ça faisait longtemps que je n’avais plus fait de rallye raid, je suis un peu rouillé aussi. C’était très varié, du roulant du cassant un peu de hors piste, du sable mou, franchement magnifique rien à dire il y avait de tout. Les speed zones c’est top, on doit ralentir sur les villages, les CP, c’est top, à l’époque on n’avait pas ça. L’ambiance est top, on rencontre plein de gens que l’on ne connaît pas. A part Philippe Rey et Graziano, je ne connais personne de mon époque du Dakar. Mais je fais de belles rencontres. Surtt tout ce qui est historique il y a de n’entraider, que ce soit pour la mécanique ou un coups de main. Je suis sur que sur la pistes plusieurs ce sont aidés aujourd’hui.
Marine Athimon Range Rover Classic V8
Je travaille avec Jermey Athimon qui est mon mari (Nantes Prestige Autos, le constructeur des deux Porsches présentes). Je fais la compta au garage et tout ce qui est accueil client, toute la paperasser qu’il ne veut pas faire. Ça fait six ans que je le vois évoluer et progresser dans le milieu du rallye raid. Jullien (pilote du Range) était le pilote de la Porsche Martini sur le Dakar 2023. Depuis c’est devenu un ami. Julien m’a proposé d’être sa copilote un peu en rigolant lors d’un resto, m’a amadoué parce que c’était un Land alors que je n’avais jamais été copilote ni fait de rallye. Je suis une passionnée de Land Rover (j’en ai eu trois et ils ont tous finis le moteur pété mais je les aime quand même, forever Land Rover) et de l’Angleterre en général. Et j’ai accepté : « c’est sur un Land OK ». Il m’a rappelé deux semaines après en me disant « j’ai acheté le Land de course, on y va !).
Là je me suis dit c’est sérieux. Jérémy m’a offert combinaison, chaussures, casque, on a attendu que la voiture soit révisée et on l’ a eu au garage pour un check final.
J’ai bien aimé mettre le casque au départ, j’avais le sentiment de me mettre dans ma bulle, plus de bruit autour, ça allait mieux. Par contre en arrivant sur la ligne de départ avec le décompte, j’étais toute pâle. Je tremblais, j’étais stressée, je ne savais pas vers quoi j’allais et comment j’allais être mangée. On s’élance, j’avais la respiration bloquée, cerveau occis. Kilomètre deux on crève, pas le temp de respirer. Le cric casse, je me suis dit c’est fini, j’aurais fait 2 km. Clairement avec les petits bras, le pneu de rallye raid c’était dur, j’ai déboulonné et Julien m’a aidé. On est reparti et là tout le stress est sorti, je me suis mis dedans. On s’est ensuite ensablé et on pensait que c’était l’arrière, je commence à creuser, mais c’était l’avant, le Range était presque enseveli jusqu’au pare chocs, mais on ne creusait pas au bon endroit. On repart et franchement on a réussi à se mettre bien ensemble, pas d’engueulade, pas un mot plus haut que l’autre. On a pris du plaisir. Il y a quand même eu deux trois dangers 2 que j’ai un peu loupé, on s’est fait secouer et je me suis excusée. J’ai adoré les dunes, c’était génial, l’adrénaline et le vide quand on les passe, j’ai hâte d’en faire des grosses. Julien conduit vraiment bien, il n’y a pas une fois où j’ai eu peur, où je me serais sentie en danger. Pour finir la spéciale, quand on est arrivé à la dernière page du road book, je n’y croyais pas, je me suis dit on l’a fait. Je ne m’en pensais pas capable.
Je trouve que tout le staff de la Merzouga, les orgas sont tellement gentils. Une dame m’a pris la main au départ quand je tremblais. Un staff gentil, humain, rassurant.
Au niveau des concurrents je n’ai pas encore eu ce sentiment qu’on a parfois de se faire tirer dans les pattes, tout le monde est sympa. J’adore être dans la team NPA, avec les mécanos, mon mari, avant je vivais ses rallyes par procuration lorsqu’il revenait de course, là je vies la course en même temps que lui. Par contre à) un moment j’ai aperçu sa Porsche à l’arrêt et j’ai eu peur pour lui, qu’il lui soit arrivé quelque chose. Quand on s’est approché je l’ai vu debout dessus, là ça a été.
