Jeep Willys SAS 1942

La Willys 1942 SAS

Special Air Service…

La SAS est certainement la plus emblématique des Jeep. Reconnaissable entre toutes, elle démontra dans les sables du désert que son concept imaginé pour s’adapter à tous les champs de bataille était une réussite. Pour Luca Corvaja, pilote en rallye raid FIA, la dernière étape du rallye des Pharaons qui se terminait à El Almamein cette année- là, fut une révélation. Notre passionné de la marque réalisa que les fameuses Jeep SAS étaient passées par cet enfer… Il fallait leur rendre hommage d’une façon ou d’une autre. Il se tourne alors vers Jeep Village, la bonne adresse.

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La Jeep est née en 1941, mais pour comprendre ce que représente à nos yeux cette version si particulière, il faut remonter le temps jusqu’en 1940.

Nous sommes en pleine seconde guerre mondiale, les forces de l’axe progressent partout depuis 1939 et l’Angleterre bien seule à résister, est au creux de la vague. La bataille d’Angleterre (aérienne), a évité de justesse l’invasion du “Home land“, et l’on tente grâce à une marine presque intacte de contenir l’ennemi en Europe. Mais, les Italiens en Libye, renforcés par l’Africa corps de Rommel menacent vite d’entrer en Égypte et de foncer vers les stratégiques canal de Suez et pétroles du Moyen-Orient. Malgré des renforts venus du continent africain (Français des colonies entre autres), les Anglais reculent jusqu’en Cyrénaïque, contre-attaque le long de la côte. Le Caire est pourtant toujours menacé. Les Américains tardent à faire leur entrée dans cette guerre, ils arriveront par l’Ouest, plus tard en débarquant en Algérie.

En attendant, les Anglais font preuve d’ingéniosité utilisant au mieux leurs maigres forces militaires et sacrifient parfois leurs commandos aéroportés, les SAS (Special Air Service), lors d’opérations presque “Suicide“. Parachutés derrière les lignes Allemandes, ceux-ci font des dégâts importants, mais leur retour laisse peu d’espoir. C’est l’un de ces hommes, le lieutenant David Stirling du 8e commando, qui, en convalescence après une blessure subie lors d’un parachutage, aura l’idée de Raids motorisés plutôt qu’aéroportés, s’inspirant de la stratégie de harcèlement employé par son compatriote Laurence d’Arabie (durant le conflit mondial précédent).

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Il réussit à convaincre, non sans mal, ses supérieurs et le voici à la tête d’une soixantaine d’hommes volontaires déjà aguerris au désert, (dont des Français de la colonne Leclerc). Après 6 mois d’entraînements intensifs aux combats de nuit, les premières opérations SAS se déroulèrent en coopération avec un groupe des unités LRDG (pour “Long Range Desert Group“), utilisant des “Light Truck“ Chevrolet et Ford. Mais, les missions des LRDG plutôt axées sur le renseignement ne profitèrent guère du raffut qui suit en général les attaques des SAS sur arrière des lignes Allemandes et Italiennes. L’efficacité était pourtant là, les SAS s’étaient fait une réputation dans les deux camps, arborant la fameuse devise “Who dares wins“. On parle même de l’étude d’une mission secrète qui ne fut jamais mise en œuvre…L’enlèvement de Rommel…

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Dès les débuts, il ne manquait plus que le véhicule idéal qui rendrait les SAS plus autonomes, plus discrets et plus rapides. Stirling fut l’un des premiers à voir le potentiel de la nouvelle petite Jeep américaine. Doté peu de temps en 1942 de 15 Willys, celles-ci furent vite optimisées et modifiées pour 1.000 Km d’autonomie et puissamment armées. Elles trouveront dès lors en mission un soutien logistique auprès des 20 camions “Light Truck“ Bedford mis à la disposition de l’unité. La charte de camouflage des véhicules comporte toute une palette de couleurs sable (on parle de stock volé aux Italiens) et étonnement : un rose pâle (Sand pink), qui sera repris par bien des équipages. La légende veut que lors d’une mission, les SAS découvrent non loin de l’une de leurs nombreuses caches d’essence, un bombardier Libérator écrasé là depuis des mois. Celui-ci n’avait jamais été repéré, ni par eux, ni par la RAF (l’aviation Britannique). Une seule raison possible ; La peinture de son camouflage avait disparu par effet d’abrasion du aux vents de sable, seul l’apprêt subsistait…Il était désormais rose pale. Être invisible pour l’aviation ennemie, c’est l’un des soucis principaux de nos commandos. Les “Pink Panther“ étaient nés, mais ce surnom ne leur fut définitivement attribué qu’à partir 1964 lors de la sortie du film de Peter Sellers alors que les SAS Anglais utilisaient désormais des Land Rover.

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Dès 1942 les Jeep SAS dévastèrent, terrains d’aviation, dépôts de munitions, de carburants, coupant les voies de communications et désorganisant les arrières d’un Rommel qui avouera plus tard… avoir subit un coup fatal de la part de ces fantômes qui disparaissaient comme des mirages…. Si le “Phantom Major“ David Stirling fut capturé en Tunisie en 1943 lors d’une simple pose après une opération (voir légende photo), on retrouvera ses furtifs SAS en Sicile, en Grèce, en Italie, en France, en Albanie et jusqu’en Allemagne sous les ordres (entre autres) de son frère William Stirling, qui dirigeait alors le 1st Special Air Service Regiment.
La victoire sur le front d’Afrique du Nord restera non seulement la première victoire des alliés sur les forces de l’axe, mais aussi le premier pas de la Jeep vers la liberté. Elle en deviendra le symbole.

Restauration SAS chez Jeep village

Pour Luca Corvaja, une Jeep SAS était un rêve de gosse. Mais, pour notre pilote d’Endurance qui a à son actif de nombreuses participations et belles performances aux 24h de France et du Portugal, le Rallye raid des Pharaons faisait partie de son circuit annuel. Cette année-là, le “Pharaons“ avait un goût un peu particulier, puisqu’il devait se terminer à El Alamein, haut lieu de la seconde guerre mondiale. Pour notre passionné de Jeep c’est un peu comme un pèlerinage. C’est alors que Luca qui n’est pas le dernier à savoir jouer dans les dunes avec son Toyota T2 se retrouve sur le toit lors de l’étape précédant l’arrivée. Qu’importe, il y a plus de carrosserie que de véritable bobos. La voiture ira jusqu’au bout. Mais, c’est dans ce coin de désert qui fut le théâtre d’une bataille sans merci qu’a lieu la révélation. Les SAS sont passés par cet enfer avec leurs Jeep surchargées de munitions, vivres et carburant ? Incroyable fait de guerre qu’il faut absolument commémorer en restaurant une Willys qui sera préparée comme à l’époque .

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De retour, Luca fonce chez Jeep Village à la rencontre de son ami Denis Le Priol. Au cœur de ce temple dédié à la Jeep guerrière, le choix se porte sur une Willys née le 1 Janvier 1944 et que Denis vient de rapatrier du Tchad. Rouge pompier, elle est dans un état de fatigue qui impose le respect. Mais, elle va passer par tous les stades de restauration qu’on maîtrise parfaitement à Chevilly-la-Rue depuis des lustres.

L’état de la caisse de cette Willys de 1944 n’a pas permis de conserver la partie arrière d’origine. Coupée, on a ressoudé celle d’un exemplaire d’époque moins en dentelle

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La Willys entièrement démontée, le châssis et la mécanique pourront être sauvés. En revanche, en ce qui concerne la caisse, il faudra se résoudre à en amputer une partie (arrière), tant les outrages du temps ont fait leur ouvrage dévastateur. Luca et Denis vont aller jusqu’à respecter l’ordre de l’histoire dans cette restauration. Châssis, ponts, moteur, caisse reçoivent ensuite la traditionnelle couleur d’origine. C’est ensuite sur cette Jeep “Stock“ comme l’étaient les premières reçues par David Sterling qu’on applique la recette SAS.

Go devil

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Les membres de cette unité naissante avaient trois priorités. Autonomie- discrétion- puissance de feu. Une fois la Jeep débarrassée du superflu tel que poignées, pare-brise, capote, arceau, phares, catadioptres, lot de bord, banquette arrière, cales de capot et support du jerrican arrière, on s’intéresse à l’autonomie.

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Ce ne sont pas moins de 14 jerricans de 20L soit 280L,qu’on arrive à coller partout dans cette Jeep devenue supertanker. Du capot aux ailes en passant par la benne, carburant, huile et eau sont répartis.

Avec deux rack de 4 jerricans à l’arrière on était déjà à 160L d’essence. Le bidon d’huile était lui aussi de la partie.

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La discrétion du Kaki en plein désert n’est pas vraiment optimale. On passe donc aux teintes locales dont les stocks parfois dérobés proviennent aussi du camp d’en face d’après l’une des légendes des SAS.

Les dessous de ce Willys restent d’origine, les jantes de combat sont dans le coup et les pneus respectent le dessin d’origine. On peut noter ici, que pour des raisons de portance dans le sable, les Jeep SAS furent souvent équipées de pneus “ Ballon“, sans réel relief et plus large. Certain essais furent effectués avec des pneus d’avions qui s’avérèrent  efficaces mais trop lourds.

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Parmi les multiples équipements nécessaires aux opérations, on trouve à l’arrière les plaques de désensablage deux roues de secours et une pelle (ici modèle Allemand). La navigation en plein désert demandait de l’expérience. Outre les étoiles, les SAS utilisaient compas solaire, boussoles, Théodolite ou comme ici des Astro Compas MK II.

Boussoles d’aviation  et compas solaire type Bagnold permettaient en général de tenir un cap approximatif. De toute façon les innombrables champs de mines obligeaient à faire de grands détours par le Sud.

Astro Compass Mark II qui équipa les bombardiers de la RAF à partir de début 1942. Une date, une heure, une visée et l’on avait le bon cap dans ce désert aux nombreuses zones qui rendent folles les boussoles. De là à savoir exactement  ou l’on se trouvait…Il fallait sortir le théodolite ou le Sextan de sa boîte.

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Luca a fait comme les SAS. Les accessoires tels que les sacs viennent de divers origine. La pelle est Whermart, les sacs sont Italiens. Le bidon de grés, c’est le Rhum officiel Anglais. L’os est celui d’un dromadaire. Luca l’a trouvé dans le désert Egyptien lors de ses rallyes. Les plaques à sable sont US.

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À l’avant, le moteur de la Jeep SAS doit être mieux refroidi et la solution retenue consiste à scier les barres de calandres en laissant subsister les deux du centre de la calandre pour conserver de la rigidité. On offre aussi au radiateur d’origine mieux ventilé une ration d’eau supplémentaire par le biais d’un vase d’expansion d’environ 5L placé à droite.

Le Go Devil soumit à rude épreuve se voit offrir un peu d’aide avec un refroidissement optimisé grâce à ces barres de calandres supprimées et l’apport de quelques litres de liquide de refroidissement. Côté carburation, nos SAS eurent vite fait de neutraliser tout “vapor lock“ grâce à un simple tuyau de retour de vapeur vers le réservoir de pompe à essence.

Vient ensuite la puissance de feu. La Jeep se transforme en véritable cuirassier. Si l’armement pouvait varier selon les missions, l’essentiel des Jeep SAS disposaient de 3 Vickers 7,7mm class K dont un ensemble jumelé à l’avant qui pouvait être remplacé par une Browning 50 en 12,7mm.

Jumelées les mitrailleuses Vickers Type K 7.7 mm étaient redoutables avec leurs 500 coups/minute. Chargeurs tambours 100 cartouches. Ces reproductions Anglaises sont parfaites et l’on peut barder sa Jeep SAS de chargeurs vendus séparément.

Un armement généralement issu de l’aviation qui ne souffrait pas trop de surchauffe. Luca opte pour la première version. Ces reproductions de Vickers sont réalisées en Angleterre et l’on peut acheter séparément des chargeurs supplémentaires.

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Pour Luca et Denis, comme pour le mécène de cette opération Yann Doffin (qui suit les aventures de Luca depuis des années), le but était simple. Une fois restaurée cette Jeep SAS devait participer à un pèlerinage à El Alamein via Le Caire et la terrible dépression d’Al Quattara. Mais cette belle équipée commémorative est aujourd’hui en stand by. Il faudra attendre la suite des événements géopolitiques pour pouvoir se lancer sur les pistes de Cyrénaïque avec cette Jeep SAS armée jusqu’aux dents. En attendant, on devrait retrouver Luca comme bon nombre de passionnés lors des commémorations du 6 Juin 1944 en Normandie.

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6 Commentaires

  1. Jeep Willys SAS 1942
    beau boulot
    des pneus « civils » seraient bien
    pour la couleur ? LRDG ou SAS
    Bravo, une de plus qui roule et est respectée!

    Just Enought Essential Parts

  2. Jeep Willys SAS 1942
    Mon rêve de gosse ,une 201 mais a 62ans je nais toujours pas assez d,argent pour que cela ce réalisé .pour la première fois lort du 70eme anniversaire du débarquements je suis monté dans scoute_car avec un club qui est basée je crois a Versailles satorie j,étais heureux comme un gosse qui vient d,avoirs un vélo moi avec un blouson américain et casque Adrian j’ai pleuré merci merci

  3. Jeep Willys SAS 1942
    Superbe travail de restauration.
    Outre le plaisir de rouler en jeep, elle perdure et honore me souvenir des commandos SAS français pour bonjour nombre.

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