C’est au coeur des marais de Brière au nord-ouest de l’estuaire de la Loire, en Loire-Atlantique que j’ai fait la rencontre de Jean Henri Pagnon et de son land Rover Defender. Après une carrière dans une entreprise internationale, JH s’est tourné vers sa passion pour la coutellerie en ouvrant son propre atelier à st André des Eaux, en plein dans le parc régional de Brière.
C’est un endroit magnifique où l’on trouve encore des maisons aux toits de chaume et de petits hameaux au charme pittoresque qui bordent les 170 km2 de zones humides, au milieu desquelles le marais de Grande Brière mottière couvre à lui seul 70 km2. Nous sommes à quelques encablures de Guérande et de St Nazaire, mais il règne ici un calme bienfaisant à l’écart des bruits du monde.
crédits photos : Erwan Balança & Journal du 4×4
Attaché à son terroir, JH utilise un des matériaux locaux, le morta.
Le morta :
En Brière il y a près de 5000 ans, les forêts de chêne et de bouleaux ont été submergées et depuis, enfoui dans le sol humide, le bois s’est lentement mis à se fossiliser en se chargeant de silice, donnant naissance respectivement au morta noir et au morta rouge. JH utilise ainsi pour les manches de ses différents couteaux le morta noir (de chêne) qui une fois traité et poli offre une texture, un toucher et une couleur remarquables.
Comme vous pouvez vous en douter, quand on parle de marais et de tronc enfouis, l’extraction est assez laborieuse. Il faut en effet tout d’abord « tomber » sur un reste de tronc. C’est en septembre que JH va parcourir le marais (lorsqu’il est à son niveau le plus bas) à bord de son Land Rover pour sonder le sol spongieux. Pour ce faire, il utilise une grande tige métallique qu’il enfonce à intervalles réguliers dans la tourbière. Quand elle rencontre un objet dur, avec un peu de chance, il s’agira d’un tronc. Vient ensuite le travail le plus physique, il faut creuser avant de savoir ce qui se trouve réellement sous le sol. Le tronc sera ensuite extrait avec un palan monté sur un trépied et transporté évidemment par le Land Rover.
Vous allez me dire qu’avec un tronc notre ami va avoir pour plusieurs années de stock. En fait ça n’est pas le cas. Seule une partie sera utilisable car il faut pour faire les plaquettes du manche du couteau que le morta soit sans fissures. De plus il faudra attendre trois ans pour qu’il sèche lentement afin de ne pas se craqueler. Il sera ensuite découpé en planchettes et façonné pour enfin finir sur le manche des beaux couteaux JHP. L’atelier a créé sa propre forme et son propre style qui s’appelle Le Morta bien sûr. Le travail de JH ne s’arrête pas à celui du manche, il faut aussi s’occuper des platines, des lames (3 types de lames sont proposés : Thiers, brut de forge de chez Fred MARCHAND et damassé), des ressorts, peaufiner l’émouture (la façon dont la lame se rétrécit jusqu’à son fil), le guillochage (dessin sur le dessus de la lame et du ressort), le polissage. Il faut plusieurs heures pour fabriquer un couteau et toutes ces étapes sont faites très minutieusement.
Contacts :
Atelier JHP
87 rue de la Brière
44117 Saint André des Eaux
02 40 01 51 72
atelier-jhp@couteaux-morta.com
www.couteaux-morta.com
Le Land Rover
Outil de travail mais aussi véhicule de loisirs, le Def de JH l’accompagne au quotidien. La préparation du 4×4 s’est faite en plusieurs étapes. Au début de ses voyages, JH avait installé une galerie et une tente de toit. Mais ce type de couchage ne l’a pas vraiment convaincu. Il s’est alors tourné vers RR Concept pour installer un toit relevable. Cette solution l’a vraiment enthousiasmé.
Mais seul petit bémol, pour dormir à trois en partie haute il avait fallu se serrer un peu, alors il a pris contact avec Olivier de la société Aménagement 4×4 qui propose des solutions sur mesure adaptées aux besoins spécifiques de chaque client. Olivier est menuisier ébéniste depuis plus de 30 ans et s’est intéressé à la création de caissons pour les 4×4 car c’est avant tout un passionné de voyages. Il propose des créations en bois qui sont d’abord modélisées sur un logiciel avant d’entrer en production, ce qui permet aux futurs clients de se rendre compte de ce qui sera installé dans leur 4×4.
Ici, un premier caisson vient se loger sur la partie gauche. Il comprend un tiroir en partie basse et un coffre accessible sur le dessus. En vis à vis, un coffre bas fait aussi office de banquette pour pouvoir prendre un repas à l’intérieur en cas de mauvais temps. Le dossier donne accès à un grand coffre où JH entrepose vivres et matériel de cuisine.
Un astucieux couchage peut être mis en place en rabattant la banquette arrière et en dépliant une structure en bois qui sert de sommier. Il nous a fallu moins de 5 minutes pour la mettre en place, autant dire que c’est rapide et pratique.
Tous ces éléments en contreplaqué (un matériau léger, résistant et isolant) s’agencent parfaitement et les finitions sont de toute beauté. Les champs sont arrondis et poncés, les charnières sont affleurantes, bref c’est du bel ouvrage. Une bonne astuce, ces éléments sont repris sur des fixations d’origine ou sur des platines sans qu’il soit besoin de refaire des trous dans votre 4×4. Voilà notre Def paré pour les vacances.
Quelques autres accessoires ont été installés comme une galerie, un snorkel et un treuil. On ne sait jamais, le marais peut être piégeux ! Tous ont été installés chez Nature Land dont l’atelier est situé à Missillac. C’est la bonne adresse pour les landistes de la région.