Mercedes ML et tout terrain font bon ménage

Vu les interminables délais de livraison du Mercedes ML, on s’imagine aisément que la nouvelle mouture du SUV étoilé doit être une franche réussite…et cela ne me choque pas. Entre les motorisations efficaces, la renommée légendaire de la marque et des qualités dynamiques bien réelles, le ML a de quoi séduire bon nombre d’adeptes de la conduite surélevée et sur-bitume !.

Mais, la grande question qui nous taraude, nous les franchiseurs dans l’âme et autre passionnés de tout terrain c’est de savoir si ce véhicule mérite de porter le nom de 4×4 ou si ce n’est qu’un ersatz, une pâle copie à ranger définitivement dans la catégorie des monospaces généreux en garde au sol.

Attention. Mise en garde avant la lecture de l’article : nous déclinons toute responsabilité sur l’état des idées préconçues de ceux qui partiraient déjà avec bon nombre d’à priori négatifs sur cette voiture.

Comme évoqué au cours de l’article sur l’assemblée générale Mercedes Benz, Benoît Sabarly, le très sympathique attaché de presse Mercedes m’a proposé les clefs d’un ML en vue d’un essais tout terrain.
Pardon ? Je vous remercie ! C’est agréable de votre part. Le traiter d’inconscient tout ça parce qu’il me confie une voiture à 48 500 euros pour la traîner dans les bois. Mais non, je vous dis que j’ai été raisonnable. Enfin presque.

Le départ est donné sur un chemin de champ comme on en retrouve dans toute la campagne Française. Déjà là, la filtration de la suspension m’étonne. C’est réellement efficace et très confortable, tout comme la boite automatique séquentielle qui permet d’un seul mouvement de poignet de sélectionner le rapport que l’on souhaite engager ou de conserver le mode automatique classique. Sans grand intérêt technique, les premiers mètres du tracé me permettent tout de même de constater que les 163 CV sont tous réveillés. Qui plus est, on joue plutôt dans la catégorie cheval de course que double poney. Je m’attends presque à trouver Omar Sharif, Guy Lux et Pierrette Bresse à la sortie d’échappement en train de vérifier lequel des canassons passera le premier. Déjà blasé par cette impression de sérénité, j’augmente le rythme, poussé par les qualités du trio moteur boite suspension. Un vrai régal. Il faut vraiment que les appuis soient prononcés et que le revêtement soit mauvais pour amplifier les mouvements de la caisse. De toute façon, en vitesse longue les nombreuses aides à la conduite sont là…même pour ceux qui savent tenir un volant.

Enfin les choses sérieuses commencent. Une bonne descente comme on les aimes. Prenez une marche d’une quinzaine de centimètre en entrée, quelques ornières arrosées de nombreuses pierres et clôturez le tout avec un charmant virage en épingle.

Première manipulation : passer en courtes. Sélecteur sur le Neutre, une simple pression sur Low Range au tableau de bord permet d’enclencher la réduction. Le voyant du tableau de bord m’indique que je suis en D, sous entendant que l’électronique s’occupe d’enclencher le rapport idéal. Mais, je me suis jamais laisser dicter quoi que ce soit par un microprocesseur et c’est pas aujourd’hui que ça va changer. Quatre légères baffes sur l’oreille droite du sélecteur histoire de montrer qui commande et la 1ère s’enclenche .Le véhicule avance doucement vers la marche, au sommet, je stoppe, pour faire descendre ma copilote. Raison invoquée : Faudra bien que quelqu’un ramasse le bouclier avant, la ligne d’échappement, le carter et le pare choc arrière qui vont certainement refuser de descendre avec nous. Rien de tout ça, ça passe tout seul. Donnant l’idée d’une voiture basse, le ML dispose finalement d’une garde au sol appréciable et amplement suffisante pour s’aventurer hors de nos départementales. Bon d’accord, j’avoue, ça raccroche bien un petit peu mais c’est de ma faute. Une pression trop appuyée de la pédale de frein en sortie de marche me fait raboter sur les cailloux. Ben oui, une suspension indépendante propose une garde au sol fluctuant au gré des mouvements de la caisse. Et si on freine trop fort en descente, on comprime les ressorts, la caisse descend et rencontre les obstacles du chemin. Dans mon cas c’est une jolie pierre qui se heurte sur la barre de protection prévue à cet effet. Je le ferai plus, promis.

Dans les cailloux et la terre meuble, je constate avec plaisir que l’enclenchement dès la gamme courte modifie le fonctionnement de l’ABS. Il est maintenant possible de bloquer une roue et d’effectuer un  » petit tas  » devant le pneu pour aider au ralentissement. C’est un gage de sécurité sur les terrains meubles Qui plus est, le système d’aide à la motricité baptisé 4 ETS répartit aussi le grip lors des freinages. Un vrai bonheur. Plus loin, une grosse épingle titille mon amour propre. La majorité des conducteurs tournent en une ou deux manœuvres. Je souhaite passer du premier coup. Pour y parvenir, la seule solution est de braquer court pour faire mordre la roue arrière sur l’intérieur du talus. Vu la déclivité, ça risque de pencher fort. C’est parti. De fait, ça penche plus que la photo ne le laisse paraître, et les faibles débattements de la suspension accentuent d’autant plus ce phénomène que la roue arrière droite ce trouve à 50 bons centimètres du sol. Pas besoins d’aide à la motricité en descente, seule le rayon de braquage compte. Pas de soucis de ce côté là non plus. Moralité, c’est comme en ski, la conversion est effectuée sans marche arrière.

Certains douteraient-ils des capacités de conduite de Nicolas ???

Quand on descend en Auvergne, c’est souvent pour trouver un cours d’eau et parfois un gué. Pour ne pas faire exception à la règle, le long et chaotique chemin négocié sans trop de soucis grâce entre autre à une boite parfaite et à une garde au sol pas si ridicule que ça se termine sur un petit gué. 3 ou 4 mètres de long et 20 centimètres de profondeur. Rien d’exceptionnel me direz vous. Non c’est vrai, si ce ne sont les pierres bien polies (elles ont toutes dis bonjour) qui tapissent le fond de la rivière. En pneus route, ça va glisser. Et bien oui, ça glisse et ça patine. Mais pas trop longtemps quand même. L’exceptionnel système 4ETS, si il est sensiblement comparable aux autres modèles d’aide à la motricité, dispose d’une rapidité de mis en œuvre tout à fait ahurissante. Plus besoins de faire cirer les pneus pendant dix secondes pour réveiller la fée électricité qui c’était endormie dans le fond de son boîtier. La moindre amorce de patinage et voilà que l’électronique freine les ardeurs de la roue folle et distribue ce qu’il faut de motricité à celle qui en a le plus besoins. A ce petit jeu, le 4×4 bouge légèrement au gré de ses dérives latérales mais grimpe le gué avec tout de même quelques légers frottements sur les pierres les plus proéminentes. Je vous promets que je pensais devoir batailler bien plus ferme pour parvenir sur l’autre rive.

A peine remis de ces quelques émotions qu’un bourbier nous tends les bras. Attention, on ne parle pas du cloaque visqueux et profond tailladé d’ornières de timberjack, mais d’une étendue de 10 mètres environ, grasse sur 15 à 20 centimètres de profondeur, marqué de quelques croisements de ponts et d’une sortie en dévers pas loin d’un arbre. Mon sentiment est identique à celui éprouvé face au gué. Je m’imagine devoir jouer serré pour sortir, comptant plus sur mon inertie que sur la motricité des pneus route à profil autoroutier. Malgré toutes mes craintes, le ML continue sa progression tout seul, sur un léger filet de gaz…générant un lui seul un couple généreux de 40 m :kg pourvu que vous soyez entre 1600 et 2800 tours.

A nouveau le triangle orange marquant la mise en route du 4ETS s’illumine au milieu du compteur. Les croisements de ponts sont avalés, le grognement caractéristique de la mise en pression des étriers de freins pour répartir la puissance se fait entendre tout au long de notre progression. Finalement, la seule difficulté viendra de la sortie du bourbier. Ne m’imaginant pas comment le système de contrôle de motricité va pouvoir enrayer la glissade en dévers, je décide d’accélérer afin de générer suffisamment d’inertie pour que l’adhérence quasi inexistante des pneus ne soit pas seule à me hisser hors de ce trou. Bien m’en a pris. Malgré ma vitesse, l’arrière de la voiture part tout de même en direction de l’arbre et il me faut un nouveau et généreux coup de gaz pour finir d’extirper l’essieu arrière. C’est passé, et tout compte fait, c’est surprenant. Un tel véhicule devant un tel passage me fait l’effet d’un photo montage. Jamais je n’aurais pensé.

La suite du parcours nous emmène à nouveau sur des chemins plus roulants. Décidant de garder les courtes mais de laisser l’électronique organiser le changement des rapports, je constate avec plaisir que le mode Low Range, non content de modifier les réactions de l’ABS, modifie aussi le système de gestion de la boite de vitesse automatique. Alors qu’elles ont souvent l’habitude de remonter d’une vitesse dès qu’on lève le pied, celle du ML reste sur le rapport engagé permettant ainsi de conserver le frein moteur.

Bien souvent au cours d’une boucle, la montée fait suite à la descente. C’est notre cas. L’organisateur du parcours nous emmène sur une bonne grimpette entre les arbres. Au loin se profilent des croisements de pont et autres passages de saignées. Un petit chemin sympathique quoi, le style de ceux qu’on enregistre sur le GPS quand on en trouve.

Et bien une fois encore, nous ne parviendrons pas à prendre la motricité du ML en défaut. Malgré quelques passages en croisements de ponts prononcés sur des rampes à forte déclivité, je ne subirais jamais de rupture de progression. On pourrait pourtant imaginer que la roue qui déleste va se mettre à patiner, immobilisant la voiture et qu’il faudra attendre que le système se verrouille pour repartir. Ce qui aurait pour effet d’annuler toute l’inertie. Eh bien non, je peux vous promettre que la moindre rupture d’adhérence est décelée et que l’électronique agit si rapidement que le 4×4 n’a pas le temps de perdre de vitesse…même en première courte. Si bien que l’on conserve toujours assez de vitesse pour pallier le manque d’adhérence des pneus (encore que dans notre cas, la montée était très sèche). En fait, pour vous donner une idée, le système réagit si vite qu’on imagine évoluer dans un véhicule dont les deux blocages sont perpétuellement enclenchés…la maniabilité en plus. C’est sur cette montée technique que le ML s’est montré le plus impérial. Il offre à son pilote une telle impression de facilité que . Il est des situations ou une goutte d’élan permet de faire la différence. Qui plus est, un système de motricité aussi performant puisses-t-il être ne permettra jamais a une voiture de ne pas glisser dans un dévers quand des pneus routes et un sol gras se rencontrent. Pour ça, rien ne vaut un arbre.

Moralité, et sans parti pris, je peux vous assurer que le ML à remis en cause mes idées sur ce type de véhicule. Comparons tout de même ce qui est comparable. Il n’a jamais été question de l’opposer à la bête de franchissement qui dort dans votre garage, mais bien de constater que le ML est capable d’aller bien plus loin que son allure luxe et débonnaire ne le laisse croire. Alors, ceux qui disposent déjà de l’outil idéale et qui cherchent une voiture familiale luxueuse, confortable, puissante et apte à emmener leur petite famille à la découverte de la nature, peuvent choisir le ML sans crainte…si ce n’est celle de le rayer.

Note du webmaster : Merci à Marie Noël d’avoir pris la pose ;o)

article du 27 juin 2003 – Nicolas et Marie Noel

AccueilEssai 4x4Préparations 4X4 & SUVMercedes ML et tout terrain font bon ménage
Quitter la version mobile