Mr Green le Y60 qui voulait devenir un Crawler
Je vois d’ici vos premières réflexions quant au reportage qui va suivre « encore un proto », « y en a que pour les gros ». Et je vous répondrai : « STOP »
Eh oui stop car cet engin c’est un peu le Canada Dry du proto (sans rien de péjoratif) car il y a beau y avoir des tubes il y a aussi un châssis et des gènes de son donneur d’organe : un PATROL Y60 acheté en 2007 (modèle 94) avec son moteur Nissan 6 cylindres en ligne TB42E de 4.2l de cylindrée.
Cet engin a toute une histoire car quand il est né, tout droit sorti de sa concession Nissan il semblait normal. Je veux dire par là qu’il avait une tête de voiture avec ses petites roulettes, ses chromes rutilants, son petit volant, ses petites pédales.
Bref un Patrol normal quoi. Mais lui il savait déjà ce qu’il voulait faire plus tard : il voulait devenir un crawler et qui de plus serait efficace ! Après tout pourquoi pas c’était un rêve un peu fou et les jeunes c’est fait pour rêver mais ce pari n’était pas gagné d’avance.
Ce véhicule est en vente pour toute information contacter Julien au 06.11.44.62.34
Bien que la concurrence est rude dans cette profession, entre les engins venus des USA, les tubulaires construits par des particuliers ou des pros, il savait qu’il allait devoir se faire sa place tout seul et ne compter sur personne ou presque. Il lui faudrait trouver une paire de bras pour le préparer car comme vous avez pu le remarquer un Y60 ça a plein de qualités mais pas de mains, pas pratique quand on a des ambitions de tout terrain extrême. Alors notre petit Y60 s’est tourné vers un gars qui était doté de deux mains, qui savait à priori s’en servir, qui était passionné d’automobile et qui de plus cherchait un copain de jeu.
Après un speed dating (…sic) entre les deux l’affaire fut entendue et rondement menée, ils feraient un bout de route oppppssss pardon de chemin ensemble.
Julien ci-dessous désigné par « le pilote » serait donc le partenaire de Mr Green ci dessous désigné par « le crawler ». Les voila donc partis bras dessus bras dessous (je sais il y a dans ce récit quelques incohérences anatomiques, mais mettons ça sur la liberté littéraire du rédacteur).
La transformation de cet innocent Patrol en crawler s’est faite en plusieurs étapes nécessitant à chaque fois des interventions chirurgicales lourdes. Mr Green ayant pris sa décision, Julien ne put que suivre et c’était parti pour la grande aventure, de traditionnel Patrol sa première mue le transformera en pick up qui sortira se dégourdir les roues au premier rassemblement pirate 4×4 dont Julien, aussi prénommé Rul sur le forum sus nommé (on n’a pas toujours de la chance…).
Mais aussi bien le pilote que le futur crawler se sont bien rendus compte du travail qu’il restait à accomplir avant de devenir un pur objet de Tout Terrain.
Suivra donc une phase dite Truggy où les roues monteront jusqu’au 42 pouces et la carrosserie se verra amputée sérieusement de tout ce qui est inutile. Au final un bel arceau recouvrera l’engin et ne subsistera qu’un bout de capot et une partie des flancs. Déjà l’engin se révèle habile sur les zones mais il est forcément limité par la configuration ressorts / amortisseurs et son système de liaisons châssis / ponts.
A partir de là Julien avait deux choix, l’un aurait été de partir vers un proto full tubulaire et repartir de zéro, l’autre solution qu’il a adoptée, c’est de continuer sur cette base qui n’est pas si mal et de la pousser au maximum.
Dans cette optique d’optimisation plusieurs points devaient être revus de manière fondamentale
supprimer tout élément de carrosserie
refaire un arceau qui résiste réellement en cas de crash et optimiser la sécurité
on conserve moteur, boîte et ponts mais on revoit les liaisons
passage des ressorts + amortisseurs à des coilover
Pour finaliser son crawler, Julien s’est fixé un délai assez court car il ne souhaitait pas laisser le projet s’enliser et donc il a du mettre les bouchées doubles. Pour travailler dans de bonnes conditions il a donc investi le garage alors que pour les autres préparations il avait œuvré sous une tonnelle …..
Il a pu aussi compter sur des amis proches (membres de pirate 4×4 qui étaient pour la plupart présents pour les premières phases des modifications du patrol) qui ont répondu présent pour lui donner un coup de main mais aussi des conseils.
Le châssis va dans un premier temps se voir sérieusement raccourci. Le principe est de couper ce qui dépasse et de ne laisser que l’essentiel (-30 cm à l’avant et -60 cm à l’arrière) et en plus ça va permettre d’alléger l’engin. J’en profite ici pour rappeler que le poids est un des ennemis principaux pour le franchissement.
Sur le châssis il va falloir concevoir un arceau cage qui va protéger pilote et copilote mais aussi les parties essentielles de l’engin. Pour ce faire on ne va pas réinventer la roue et rien de tel que d’observer ce que font nos amis d’outre-atlantique pour s’inspirer. Les châssis des Cameron, Tanner et autres Campbell seront donc examinés à la loupe. Ensuite il vous suffit d’acheter une soixantaine de mètres de tube T3 en diamètre 42.2 de 3.2 mm d’épaisseur et de les couder, couper, meuler, créer les gueules de loup, les goussets enfin un mécano géant à souder. « Fab » de GoldenCoastCustom est venu passer trois jours pour apporter ses compétences et son savoir faire en complément.
La cage terminée a de l’allure et un style affirmé qui lui vaudra le doux surnom de « la godasse », « la savate » et d’autres mots du genre. Alors certes elle peut paraître haute surtout au niveau du moteur mais il a fallu faire avec un châssis existant qui a imposé ses contraintes.
Il y a eu un gros travail à faire sur l’implantation des différents organes :
moteur / boite
supports des suspensions
ancrages des tirants
A chaque fois il faut imaginer les ponts dans les situations les plus extrêmes, dans les croisements de ponts improbables car il est hors de question qu’un pont touche une partie de l arceau tubulaire ou que les tirants frottent quelque part, il faut donc de nombreuses heures pour trouver le bon point d’ancrage qui fera que le pont travaille sans se vriller ni ne parte avec des angles trop importants qui risqueraient de les casser sous les contraintes.
Chaque pièce, fixation, rotule a donc du être conçue spécifiquement et mise au bon endroit. Au final Mr Green dispose de plus de 120 cm sur la rampe (une roue sur la rampe les trois autres au sol). Julien a conservé les ponts de Patrol et bien lui en a pris car au vu des performance de l’engin, ça fonctionne vraiment très bien.
Le pont avant a reçu un blocage de différentiel ARB qui fonctionne en surpression avec un compresseur situé dans l’engin. De plus les arbres de roues d’origine ont été changés au profit des demi arbres RCV haute performance qui sont beaucoup plus solides (l’acier utilisé est différent et garanti à vie!). Le pont arrière a gardé son blocage d’origine mais il a été modifié pour fonctionner en surpression alors qu’à l’origine celui ci fonctionne en dépression, une pièce spécifique (réducteur de pression) a été installée sur un circuit en parallèle du compresseur afin de créer une pression suffisante pour actionner le blocage (là où se situe le manomètre).
Les couples côniques en 5.43 proviennent de www.euro4x4parts.com
Les tirants avant sont renforcés avec du fer plat, notez que un des tirant n’est fixé sur le pont que par un seul point, ça n’est pas parce que le boulon s’est desserré mais tout simplement pour lui laisser plus de jeu. Cette astuce permet de gagner plus d’angle dans les mouvements de croisement de pont.
Pour les liaisons à l’arrière c’est un peu plus compliqué. D’origine on trouve deux tirants supérieurs, deux tirants inférieurs complétés par une barre panhard. Ici pour la partie supérieure, on trouve un triangle articulé sur une rotule Ballistic Fabrication avec une liberté de 70° d’angle. Évidement les ancrages sur le pont ont été revus et adaptés pour cette modification. Pour la partie basse on retrouve deux tirants.
Pour protéger les ponts des chocs en cas de forte compression des suspensions, on trouve des bumpstops ou butées hydrauliques. Là aussi il a fallu positionner « à vide » les ponts dans tous les sens pour leur trouver une place idéale.
Suspension
La suspension d’origine s’est vue remplacée par des coilover qui ont différents avantages :
encombrement limité car les ressorts sont autour de l’amortisseur
possibilité de régler la dureté et l’assiette du véhicule
les amortisseurs Fox en 2.5″ de diamètre ont un très gros débattement puisqu’ils sont ici en 14″ de course. Ils ne sont pas à bonbonne séparée et doivent donc être montés le plus verticalement possible
Motorisation et boite
L’ensemble moteur et boite est celui d’origine, en effet le TB42E Nissan, un 6 cylindres en ligne essence de 4.2l de cylindrée est largement suffisant pour un tel engin. Il développe environ 200 cv et 35m.kg. L’admission est directe via un filtre K&N. L’échappement se fait via un collecteur 6/3/1 en inox avec une sortie de 62 mm de diamètre, je vous promets que ça souffle fort. Le réservoir est en Inox et contient 25l de carburant.
La boîte d’origine a été réductée de 85%. Ici on ne cherche pas la vitesse de pointe. La boîte auto est refroidie avec un radiateur Derale. Afin de passer les vitesses 1-2-3-D-N-R plus rapidement, les crans ont été supprimés, on peut donc monter et descendre les vitesses à la volée.
Direction
Ici la direction est hydraulique et provient de nos amis de 4krawl car celle d’origine n’aurait pas été assez puissante pour l’engin est ses gros pneus. L’ensemble de la direction est composé comme suit :
vérin PSC à simple tige 8″ monté sur le pont
pompe PSC haut débit
réservoir TrailGear
le refroidissement est assuré par un radiateur Derale
le circuit comporte un filtre à huile
orbitrol Eaton (un orbitrol est un boitier qui permet d’envoyer l’huile du circuit dans un sens ou dans l’autre quand on tourne le volant)
volant PSC alu à moyeu déconnectable histoire de pouvoir s’installer dans l’engin sans se casser le dos
L’aménagement intérieur comporte l’essentiel
sièges baquets avec harnais
extincteur
près du shifter (levier de vitesse) se trouvent le peu de commandes qui restent sur l’engin
pour améliorer la maniabilité et virer au plus serré, Mr Green dispose de freins séparés qui agissent sur les roues arrière par l’intermédiaire de deux leviers.
Pneumatiques et jantes
Les jantes sont des Mangels 10/15 avec beadlocks maison. La monte pneumatique a été différente : en 2012 et 2013, en effet Julien a préféré au final redescendre de taille, passant du 42″ au 40″.
Sur les zones
Tout le travail qui a été fait sur cet engin porte ses fruits car sur les zones il est redoutable. Il est facile à prendre en main c’est ce que rapportent plusieurs pilotes qui ont pu l’essayer lors des rassemblements Pirate 4×4. Il est très agréable à rouler et que dire de son comportement sinon qu’il égale celui de prototypes à châssis entièrement tubulaire et moteur plus puissants. Cette année encore il est passé partout comme les protos Full tub’.
Mon avis sur l’engin est très positif, Julien et sa bande de copains qui l’ont épaulé ont sorti un vrai crawler digne des mécaniques plus évoluées des prototypes que l’on croise à Pirate et ceci malgré un châssis presque d’origine et des trains roulants de Patrol. Comme quoi on peut tout à fait se faire plaisir avec un tel engin et finir le rasso sans casse, ce qui est déjà un exploit. Une fois encore cela prouve que dans la pratique du tout terrain extrême on peut jouer avec différents 4×4, du proto le plus dépouillé au 4×4 amélioré, en passant par ce Green qui a un pied dans chaque monde, et permet aux deux de se retrouver dans un engin efficace, léger, pas cher, « facile » à construire, d’un entretien peu coûteux, bref une sacrée réussite, bravo Julien, bravo Mr Green et bravo aussi à Stef pour le roulage 2013.
Ce véhicule est en vente pour toute information contacter Julien au 06.11.44.62.34
En balade dans les zones