Rav 4 D-4D 3,0L “Dakar“

Rav 4 D-4D 3,0L “Dakar“ de Lion Van Loon

Rêve 4 Dakar…

Avouons- le, avoir une conversation avec un Hollandais dont on ne pratique pas la langue, est chose impossible. Mais, lorsqu’il s’agit de passion pour le Rallye raid, les Toyota et le Dakar, grâce à un anglais approximatif et la pratique d’un espéranto très gestuel, on tombe toujours d’accord sur l’aventure motorisée, notre point commun. Pas d’exception avec Lion Van Loon qui vient de s’offrir l’objet de ses rêves; Un Rav 4 T1. Un peu stressé, ce véritable Rooky des pistes africaines, venu pour apprendre en s‘alignant au départ du Tuareg rally 2012, nous offrira quelques minutes de plaisir aux commandes de son nouveau jouet qu’il maîtrise à peine.

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Comme ne le dévoile pas le profil de ce Rav 4, il s’agit bien ici d’un concept de Pick up. On y dispose de 3 roues de secours, des éternelles plaques et pelles à sable, ainsi que des éléments de transmissions en réserve (triangles et lobros). Le réservoir de carburant (300L) est placé au plus bas pour un centre de gravité optimal.

Conçu en Belgique, cet étonnant Toyota né en 2006 était en manque de grands espaces depuis l’annulation du Dakar 2008 à Lisbonne. Aujourd’hui, on peut regretter que les ateliers AD Sport, créateur de ce proto, ne soient plus. Il n’a manqué à ce concept de T1 que le temps de mûrir. Il avait tout d’un vrai Toy taillé pour le désert.

Avec un contingent toujours plus important, dont le chef de fil est l’étonnant Ten Brinke classé 8e à Lima lors du dernier Dakar (Après sa victoire au Maroc 2011), nos voisins Hollandais s’avèrent de plus en plus friands de Rallye raid.

Si l’expérience manque encore parfois chez certains, la passion et les talents sont là, tout comme les moyens. Et en ces temps difficiles, c’est peut- être bien l’essentiel. Lion Van Loon, garagiste de métier, fait ainsi partie de ces Gentlemen driver Hollandais du Noord- Brabant qui, sans avoir fait fortune, peuvent se permettre de se lancer dans l’aventure du Rallye raid pour le fun.

à 45 ans, Lion Van Loon s’est offert le Toyota de ses rêves. Professionnel de l’automobile, il se lance ainsi pour la première fois sur un Rallye raid amateur ; Le Tuareg 2012 au Maroc.

Pour Lion, pas question d’aller chercher un copilote professionnel, il ne conçoit la réalisation de son rêve qu’avec son copain Wouter De Graaf. En effet, alors que Lion vends des voitures, Wouter, propriétaire d’une société de dépannage sait les réparer. Copain, copilote et mécano, ça s’imposait pour courir les pistes. C’est ainsi qu’en 2011 notre futur équipage se lance à la recherche de l’auto de course idéale. Le but est bien évidemment de pouvoir affronter dès que possible le Dakar.

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Après quelques semaines de recherche, c’est le coup de foudre pour ce Rav 4 T1 signé par le préparateur Belge AD Sport qui était spécialisé dans les Corvette et autres Porsche catégorie GT dédiées aux circuits asphalte. L’aventure de ce concept né Rallye Raid avait débuté en 2003 avec un Rav 4 T2 qui se fera bien vite T1. Le Team Belge a ensuite participé aux éditions suivantes et encore africaines du Dakar. Mais, l’annulation de l’édition 2008 fut fatale à la confiance des nombreux sponsors et partenaires de cette coûteuse épopée.

La quinzaine de Rav 4 AD Sport construits, alors revendus, continueront une carrière plus discrète en ordre dispersé aux mains d’amateurs sur le Dakar devenu Sud Américain. C’est la dernière version turbo Diesel équipé du D-4D que Lion s’offre pour 60 000€.

Il s’agit de l’ultime monture de Koen Wauters célèbre chanteur Belge qui a jeté l’éponge récemment après 12 participations au Dakar. Bien plus aboutie et moins vorace que les premières versions T1 V8, c’est une auto très propre et parfaitement entretenue que va désormais piloter notre Hollandais.

Silhouette Rav 4, vrai T1

Aujourd’hui, dans le milieu du sport automobile Belge, on parle d’AD Sport au passé. Que l’aventure fut belle et pleine d’espoirs quand durant 6 ans dans l’atelier de Lummen, résonnait aux côtés des belles GT la mélodie des V8 Toyota aux échappements libérés. Mais l’histoire de la compétition regorge de chroniques Grandeur et décadence. Il n’en reste en général que quelques souvenirs, anecdotes, regrets puis les autos disparaissent.

Mais ici, grâce à Lion Van Loon, ce Toyota né au plat pays et qui arbore les couleurs de son nouveau propriétaire n’a rien perdu de sa superbe.

En faisant le tour du propriétaire, on réalise vite qu’il s’agissait d’une véritable auto de course. Le châssis tubulaire en chrome- molybdène qui forme un treillis solide et protecteur n’a rien à envier aux meilleures autos actuelles. Les suspensions indépendantes offrent 8 combinés HT Suspensions développant 250 mm de débattement obtenus via une double triangulation AD Sport de bonne facture.

Articulations des suspensions indépendantes et transmissions furent réalisées par AD Sport. Les mécanismes de transmissions reprenaient comme base des différentiels Toyota. L’ensemble du châssis est protégé par un ski intégral.

Les renforts au niveau des ancrages de doubles suspensions démontrent le soin apporté à la réalisation de ce châssis tubulaire en chrome- molybdène (25CrMo4)

Afin de stopper ce Rav 4 on dispose de 4 ensembles étriers et disques ventilés/ rainurés AP Racing en diamètre 320 mm.

Sous cette carrosserie Carbone /Kevlar de RAV 4 devenue un Pick up à l’allure agressive, la mécanique Toyota fut longtemps le V8 issu de la gamme Lexus (360 ch), mais nous découvrons ici la version équipée du fameux D-4D 3,0L. Bien encastré au plus bas et reculé au maximum pour un équilibre de l’auto optimum, il est piloté par une cartographie Motec qui assure une puissance proche de 230 ch. Les transmissions reprennent la boîte manuelle 6 rapports et le transfert du Land Cruiser 120 alors que les différentiels avant et arrière Toyota furent adaptés par AD Sport en fonction des suspensions indépendantes via des lobros sur mesure.

Le bloc 3,0L D-4D est encastré dans le châssis AD Sport. Il ne laisse entrevoir que son intercooler, son filtre à huile et quelques durits bleues renforcées Samco. Préparé et disposant d’une cartographie Motec, il développe ici un peu plus de 230 ch (173 ch d’origine) pour 440 Nm. Des performances moteur proches de celles des D-4D actuels (190 ch d’origine), mais placées bien plus bas dans les tours.

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Prévu telle une auto d’assistance rapide engagée sur la piste du Dakar, ce Rav 4 ne dispose pas d’une boîte séquentielle. Il reprend le boîte 6 rapports d’origine Toyota d’un Land Cruiser 120.

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Peu de place en revanche pour l’équipage qui ne dispose que d’un petit coffre aluminium au-dessus de chaque passage de roue.

Les phares du Rav 4 ont été remplacés par du composite et deux optiques 100W plus faciles et moins coûteux à remplacer.

L’habitacle spacieux dispose d’un magnifique tableau de bord composite et des équipements de sécurité aux normes FIA. Réservoir de 300L plein, pneus BF Goodrich G1 en 245/80 x 16 à la bonne pression (sable), sanglé dans les baquets Sparco, il ne nous restait qu’à appuyer sur le bouton de lancement.

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Comme la carrosserie, le tableau de bord fut réalisé en matériaux composite de la meilleure facture. La planche de bord se résume à un très performant afficheur Motec qui regroupe toutes les informations. En cas de panne, il est très aisé de trouver d’où cela provient avec cette rangée de fusibles.

Côté copilote, on a fait dans le support d’instruments caréné. On dispose de deux Terratrip 202+ et de toute la connectique prémontée pour les éléments de navigation (ERTF) et sécurité (Iritrak), fournis par l’organisation du Dakar.

On ne se refuse rien à bord de ce Rav4. Frein à main hydraulique et pédalier Tilton.

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Question sécurité , pas de doute, il s’agit bien d’un T1 Dakar avec extincteur automatique, arceau aux normes actuelles et assises signées Sparco Evo.

Ce Toyota est chaussé de pneus BF Goodrich G1 en 245/80 x 16, montés sur des jantes Speedline Corse.

Rav party à Merzouga

Comme c’est le cas dans de nombreuses autos de compétition, l’insonorisation fut le moindre des soucis lors de la préparation. Le D-4D résonne et vit là, tout proche du pédalier Tilton qui, s’il est précis, nécessite d’entrée des mollets fermes aussi bien du côté de l’embrayage que de l’accélérateur. Une fois lancé, la sensation d’être assis dans du brutal disparaît au fur et à mesure que l’on monte les rapports. Dans les tours, la magie du D-4D boosté fait son effet et le sable pourtant vorace en puissance ne semble pas être un obstacle à une vaillance surprenante.

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La vitesse de croisière sur piste atteinte, ce Rav 4 permet vraiment d’imaginer de longues étapes en Rallye raid sans avoir à se battre en permanence pour garder le cap. Les freins AP Racing autorisent les freinages tardifs. Les suspensions fermes, mais efficaces avalent le relief inégal sans effets pervers. On maintient ce Toyota en ligne facilement. Il est vraiment sain et taillé pour le chrono, pas pour un simple combat à fleurets mouchetés. Dommage qu’il n’ait jamais été piloté par de vrais renards du désert.

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Dans les dunes, pas besoin d’avoir recours aux vitesses courtes. Le couple et la puissance permettent dans la majorité des cas de tenir le 3e rapport. Évidemment cela n’est possible qu’en tenant une vitesse minimum offrant de l’inertie quand le sommet de la dune approche. En dessous, le seconde fait office de tracteur et avec l’aide des deux blocages de différentiels disponibles, la motricité fait le reste.

En revanche, malgré des débattements respectables, ce Rav 4 trapu qui semble si maniable, possède son talon d’Achille. Dans ces fameux cordons de dunes, nous avons beaucoup de difficultés en arrivant au fond des cuvettes. Nous constatons rapidement que cette fâcheuse tendance à “enfourner“ (terme marin) de l’avant est dû à un ski avant trop vertical. Malgré un porte-à-faux avant réduit, l’avant buttera violemment à plusieurs reprises lors de notre essai. Une désagréable fausse note, mais c’est bien la seule et l’on fait avec pour ne pas avoir à descendre à la manœuvre, pelles en main.

Avec son empattement long (2 700 mm), ses voies larges (1 850 mm) et une implantation des masses offrant un centre de gravité optimum pour 1 750 kg sur la balance, ce Rav4 fait partie des autos de course les plus performantes que nous ayons réussi à maîtriser aussi facilement.

Pour Lion et son copilote Wouter, cette première expérience sur le Tuareg Rally 2012 fut une sacrée aventure. Apprendre à tirer partie des performances de ce Rav 4 quand on n’ a aucune expérience du sable ne fut pas une mince affaire. Lorsque après quelques beaux plantages, la perception du terrain devint plus automatique, c’est la mécanique qui a fait des siennes.

Comme toutes ces autos prototype T1, impossible de s’imaginer s’aligner sur un Rallye raid sans une assistance bien outillée. Qu’il s’agisse d’un simple rallye sans prétentions typé Tuareg ou d’un Dakar, la maintenance à prévoir est conséquente.

Ce ne fut pas un turbo qui rendit l’âme, mais deux. De quoi passer de longues heures le nez sous le capot sur le bord de la piste et surtout oublier toute idée de bien figurer au classement.

On le sait, le point faible du D-4D optimisé pour la compétition, c’est le turbo. Lion et Wouter auront droit à cette casse devenue presque une classique du genre. S’ils en étaient conscients (la présence de deux turbo de rechange en témoigne), la réparation occupera l’une de leur nuit à Merzouga.

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Mais, pour notre équipage de Rooky, l’expérience minimum est désormais là. Encore deux ou trois Rallye raid et le rêve de Dakar sera moins utopique.

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2 Commentaires

  1. Rav 4 D-4D 3,0L “Dakar“
    Très bon reportage sur ce RAV4, il serait sympa de nous donner des nouvelles dans les prochains n° du journal.

  2. Préparateur Rav pour monsieur tout le monde
    si quelqu’un connait des préparateurs (pas pour la course) pour des RAV (surtout préparation moteur et rehausse, merci de nous faire savoir

    cordialement

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