SOUVIM 2
Système d’ouverture d’itinéraires minés / Mined routes clearing system
Nous étions tombé sur cet engin au détour d’une allée au Salon Eurosatory. J’avais trouvé une certaine ressemblance avec des protos 4×4 extrêmes, en suivant la piste de cette étrange bête à roues lisses, j’ai fait quelques « découvertes ».
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Tout d’abord cet engin est baptisé SOUVIM II, SOUVIM pour « Système d’OUVerture d’Itinéraires Minés », il est inspiré d’une première version sud africaine qui était utilisée il y a des années par les fermiers du bush qui craignaient les embuscades des « rebelles » et surtout leurs engins explosifs, lorsqu’ils circulaient sur les pistes dans des régions isolées.
Il fait en fait parti d’un ensemble composé de deux tracteurs et trois remorques qui s’organise en convoi : en premier l’engin que vous avez sur la photo, qui tracte une remorque suivie par un autre tracteur et deux remorques.
La France, par le biais du ministère de la Défense et la DGA, a décidé en 2007 de lancer un appel d’offre qui définit les missions du futur engin :
« La mission du SOUVIM 2 est de sécuriser les itinéraires par l’élimination des obstacles ponctuels type mines pour permettre :
dans la zone des opérations rapprochées ;
d’acheminer les éléments blindés et mécanisés dans le cadre de la manoeuvre de la grande unité engagée ;
de faciliter le repli des unités relevées ;
d’évacuer les populations hors des zones de combats ;
dans la zone des opérations arrières ;
d’ouvrir la route à toute sorte de convois en transit (du char de combat au véhicule léger civil).
En période post-conflit, les missions du système seront identiques à celles de la zone des opérations arrières d’un conflit, mais la sécurité prévaudra par rapport à la rapidité d’exécution de la mission.
Le SOUVIM 2 série doit succéder au SOUVIM 1 actuellement en service »
Tout d’abord, la version 2 a gardé le nom mais n’a plus rien à voir avec la précédente, en effet le SOUVIM II lui est capable de rouler sur une mine à pression sans la déclencher !!! DU châssis à la cabine tout a été réévalué, repensé. Le pilote est logé dans une cabine blindé dont la base en forme de V permet dévier les éclats et le souffle d’une explosion, cette cabine surélevée permet aussi d’amoindrir le blast, plus on est éloigné de la source de l’explosion, plus les dégâts potentiels diminuent, ça paraît simple sur le papier mais à réaliser c’est tout autre chose, la conception, le déveloopement, les teste de pré-séries et enfin la livraison des premiers SOUVIM par la société MBDA et ses ingénieurs a pris près de 4 ans.
A quoi ça sert ? Comment ça marche ?
La première réponse est simple : imaginez une route dans un environnement hostile, où votre adversaire a pu déposer divers engins explosifs et autres mines afin de vous barrer le passage de vous faire tomber dans une embuscade, etc.
Le SOUVIM placé en tête de convoi doit ouvrir la route aux véhicules et personnels qui le suivent en éliminant les différents obstacles. Là on se dit que en conditions réelles, piloter un tel engin doit être un « grand moment de solitude »….
La deuxième réponse à apporter est un peu plus complexe tout d’abord parce que le SOUVIM doit faire face à différents types de menaces, car des mines il en existe de toutes sortes et avec des systèmes de mises à feu très divers, d’autre part le « dossier » est assez sensible pour ne pas tout dévoiler à un magazine, ou à qui que ce soit d’ailleurs. Je vous avoue qu’il est beaucoup plus simple de faire un « papier » exhaustif sur une jeep willys des années 40 que sur les engins actuels, étrange non ?
Bon reprenons le cours de cet article, en avant du porteur se trouve une sorte de mat qui supporte différents leurres qui vont faire croire aux mines qu’un engin bien réel est en train de leur passer dessus et donc de déclencher, loin du pilote et du porteur, leur mise à feu.
Porteur N°1 et sa remorque
Ces leurres sont, au vu des informations qui nous ont été transmises :
leurre magnétique (baptisé Dedale, ce sont les 2 séries de 3 tubes verticaux)
leurre thermique (à priori la plaque qui ressemble à un gouvernail)
De plus des sortes de tiges permettent de déterrer des fils électriques reliés à un détonateur. Ce système de mise à feu revient « à la mode », il y a encore quelques années, les déclenchements manuels étaient faits via des téléphones portables reliés à l’engin explosif, mais les convois ont été ensuite équipés de brouilleurs, ce qui a obligé les poseurs de mines a revoir leur système de déclenchement.
Reste le cas des mines à déclenchement par pression, ici le SOUVIM innove, en effet de par sa conception et ses pneumatiques développés spécialement par Michelin sur mesure, il est capable de rouler sur une mine sans la faire exploser ou comme le disent certains militaires « sur un pot de yaourt sans l’écraser », je pense que vous avez saisi le concept.
Que se passe t-il ensuite ? C’est la qu’interviennent les 3 remorques attelées au SOUVIM et au deuxième porteur. Nommées RDM pour « remorque déclencheuse de mines », elles sont équipées de pneumatique spécifiques et ont chacune des largeurs de voies différentes (la voie est la distance entre les deux roues d’un même essieu). Ces remorques sont lestées, quant à la sorte de grosse boite qui les surplombe, à l’heure où j’écris ces lignes je n’ai pas eu d’informations quant à leur utilité.
La première remorque démine le passage pour le second porteur qui doit rester exactement aligné sur la piste.
Porteur N°2 et ses 2 remorques
Le convoi de déminage serait capable de rouler et d’être opérationnel à 20 km/h et pourrait déminer près de 100 à 150 km par jour ce qui fait de ce système, l’engin le plus efficace ou tout au moins l’un des engins les plus efficaces dans son domaine, à ce jour.
Point n’est besoin d’être devin pour savoir où vont être déployés ces engins, en effet à part sur le théâtre Afghan, je ne vois pas où le Génie pourrait en avoir une quelconque utilité à ce jour.
Cette image prise sous la neige montre le peu de marque laissées par l’engin sur la poudreuse.