Inhospitalière mais d’une beauté austère, la Namibie surprend. L’attrait particulier se retrouve dans l’immensité et la splendeur de ses paysages sans fin, très peu peuplés par l’homme. Le Namib, qui signifie « vaste plaine aride où il n’y a presque rien » en langage nama est un désert aux couleurs ocres et aux hautes dunes sculptées par les vents dominants. La vie, où il n’y a soi-disant rien, a dû s’adapter pour subsister, et c’est ce qu’ont fait de nombreuses espèces, animales et végétales.
Je tiens à remercier chaudement nos deux aventuriers pour me permettre de présenter leurs voyages !!!!
BRAVO
La plupart des groupes zoologiques y sont représentés, mais en un nombre d’espèces limité qui a su développer des spécialisations, soit alimentaires, soit comportementales, en fonction de l’environnement. D’où la précarité de vie de ces individus en fonction de leur haute spécificité, si interviennent des changements climatologiques ou du biotope.
Ces plantes, ces dunes, qu’on dit mortes et stériles, sont un extraordinaire réservoir de vie, un territoire toujours en mouvement, un continent à la dérive, un tremblement de terre quotidien. Il suffit d’une journée de vent ou d’une heure de pluie pour que le décor devienne méconnaissable. Ici, c’est le paysage lui-même qui est nomade……..
La formation du Désert du Namib date de plus de 80 millions d’années, et en fait le plus ancien de la planète. Parallèle à l’océan, il ne dépasse pas dans ses plus grandes largeurs les 200 km, et il y fait la douce chaleur de 60° pendant l’été austral. S’aventurer sur le sable à certains moments de la journée peut laisser un souvenir cuisant, car les premiers millimètres de sable atteignent facilement 70°. En revanche au-dessous de cette couche surchauffée, la température s’abaisse rapidement avec la profondeur.
Les dunes de Sossusvlei sont les plus hautes du monde : 350 m de sable rouge. Leur couleur ocre serait due à l’oxydation du sable, probablement originaire du Kalahari et transporté jusqu’à l’océan Atlantique par la rivière Orange au sud de la Namibie, puis remonté par le courant du Benguela sur la côte namibienne. Les forts vents en provenance de l’ouest auraient, à partir de la côte, chassé ce sable vers l’intérieur de la côte, formant ainsi une ceinture de dunes à presque 100 km du littoral ; les dunes ont des noms qui finissent en « vlei », terme afrikaans pour désigner l’étendue que la dune entoure (le terme se rapproche de « valley », ou « vallée » en français)
Il est possible de gravir les dunes à pied (compter au minimum 1 heure), de préférence le matin au lever du soleil, pour les clichés photographiques sous une lumière douce et pour éviter la chaleur écrasante du jour.
A la différence des dunes du désert du Kalahari, celles du Namib sont mobiles. En effet, les vents les déplacent et même les scupltent en leur imprimant des formes distinctes. La crête des dunes est appelée slipface (face de glissement) : le sable s’écoule et glisse jusqu’à la base.
La présence d’acacias ainsi que les premiers arbres solitaires au pied des dunes colorées donnent de superbes premiers plans….
Etant donné les conditions extrêmes de vie dans le désert du Namib, beaucoup d’espèces, aussi bien animales ou que végétales, ont développé des adaptations très spécifiques pour survivre dans ce milieu hostile, d’où un fort taux d’endémisme (espèces que l’on ne trouve nulle part ailleurs).
Le !Nara (Acanthosicyos horrida) est le fruit d’un buisson très épineux et toujours vert, sorte de compromis entre le concombre et le melon. On en trouve notamment à Sossusvlei. Ses graines sont séchées par les Namas (éthnie qui donna son nom à la Namibie) qui ramassent les fruits dans le sud de la Namibie.
Séchée, la graine, très riche en protéines, est consommée par les Namas qui en raffolent (elle a effectivement un goût agréable mais étrange, entre la cacahuète et le cacao). La pulpe du !Nara, écrasée, sert de base à un gâteau qui a la particularité de se conserver longtemps.
6 heures du mat, un brouillard épais monte de la mer, (le Benguela) et noie le désert du Namib dans une opacité compacte. C’est le moment choisi pour ce Scarabée (Onymacris unguicularis) pour sortir du sable. Sa tête émerge, puis son corps tout entier. L’insecte escalade à pas lents la crête de la dune. Commence alors une étonnante séance, Onymacris se cambre sur ses pattes arrières, inclinant son abdomen face à la brume. De minuscules gouttelettes d’eau se condensent sur les élytres refroidis par la nuit. Une perle transparente pointe à son derrière, grossit et finit par dévaler jusqu’à la bouche : ce scarabée a bu pour la journée !
Les dunes accueillent également la Taupe dorée (Eremitalpa granti), carnivore qui passe la plus grande partie du jour enfouie dans le sable. Découverte en 1837, elle ne fut revue qu’en 1963.
Dépourvue d’yeux et d’oreilles, et contrairement aux autres taupes européennes qui creusent des galeries, elle se fraye un chemin à travers les dunes grâce à un petit morceau de chair qui lui permet d’avancer et de creuser dans le sable liquide ; la taupe dorée évolue et on pourrait même dire qu’elle nage au sein du sable fluide ; après son passage, le sable reprend sa forme initiale. Elle sort la nuit et parcourt les dunes, se nourrit de grosses proies comparativement à sa taille, comme certains serpents, lézards, ou plus petites comme un criquet qui erre à la surface du sable
Ce Lézard (Aporosaura anchietae), hautement spécialisé, se déplace à la surface de la dune en prenant appui sur ses longs doigts frangés. Lorsque la température dépasse les 40°, il élève alternativement chacune de ses pattes et les place dans une couche d’air moins chaude que le sable, rafraîchissant ainsi le sang qui les irrigue.
Entre ses exercices de danse thermorégulatrice, il se déplace, rapidement dressé sur le bout de ses pattes comme des échasses pour éloigner son corps du sable surchauffé. Outre toutes ces spécificités adaptatives, il est aussi pourvu d’une tête en forme de coin qui lui facilite la pénétration dans le sable. Pour étancher sa soif, il lèche la crête de la dune, dès que se mouille celle-ci grâce au brouillard et peut absorber jusqu’à 12% de son poids en eau.
Créé par la Tsauchab river, le Canyon de Sesriem offre une structure géologique des plus intéressantes : les agglomérats rocheux témoignent d’une formation datant de plus de 15 millions d’années.
Sesriem signifie « 6 courroies » en afrikaans, en référence aux efforts des Boers qui ont nommé l’endroit, jadis obligés d’attacher six courroies les unes aux autres et à l’anse d’un seau pour puiser de l’eau au fond du canyon.