Desert Warrior 3.0 L TD de Karim El Zanaty

Desert Warrior 3.0 L TD de Karim El Zanaty.

L’autre dérivé de Land Rover

Le terme de Bowler est en passe de devenir un nom générique tant il englobe tout ce qui se fait de nos jours sur base de pièces Land Rover habillées de composite. À l’origine de cet amalgame au milieu duquel l’amateur perd son latin et sa clé de 13, on trouve évidemment les vrais Wildcat, et Némésis dont le créateur n’est autre que le fameux Drew Bowler bien connu des amateurs d’Univers Land.

Mais, parmi les dérivés associés à ce concept innovant qui à fait fureur dans le monde du rallye raid, s’il y a quelques “Beau leurre“ et “Roxer“ hexagonaux, l’alternative performante existe. Elle vient elle aussi d’Angleterre, elle fut créé il y a plus de 10 ans par Paul Round, autre passionné. Celle-ci porte un nom qui en dit long ; Desert Warrior. Nous avons rencontré Karim El Zanaty, pilote égyptien, qui a trouvé avec ce petit monstre, qu’il a choisi bleu, de quoi assouvir sa passion pour les courses dans le désert. Moins médiatiques que les Bowler, les Desert Warrior évoluent pourtant chaque année, il est ainsi actuellement l’un des choix intéressants pour budget “Gentleman racer“.

Sans se lancer dans l’arbre généalogique de ceux qu’on dénomme aujourd’hui “Bowler“, sachez que le concept châssis tubulaire et pièce mécanique d’origine Land Rover est bien né chez nos amis anglais dans la petite ferme de Drew Bowler. C’est Paul Round, l’un des premier client à réclamer une machine de ce type, déçu par l’engin trop peu fiable et pas assez modulable lorsqu’il participa à son premier Dakar en 1998 qui joua bien vite les dissidents. Si Drew Bowler continua à développer son Wildcat sans véritables changements, il cède son concept en 2009 à QT Services afin de se lancer dans le développement de son Nemesis (ligne inspirée du Range Sport Land Rover) à suspensions indépendantes. Mais Paul Round suivait sa voie, le Desert Warrior restera fidèle au “Cheap and Fun“ .

Reprenant le principe de base, il créa dés 1999 son Desert Warrior, sorte de kit car sur un châssis tubulaire acier CT45 Chrome Molybdène, mais, il choisit d’entrée les motorisations turbo diesel BMW, moins noble, certes, mais fini les soucis rencontrés avec le légendaire V8. Si côté carrosserie, on est très proche, elle permet pourtant de faire la différence au premier coup d’œil aujourd’hui. Pour faire simple, en résumé, les Bowler ont des bouilles de Defender ou de Range Sport, les Desert Warrior celle du Freelander première série (mais seconde génération).

Le succès du Wilcat en France (pays du rallye raid) est dû à quelques distributeurs passionnés qui en feront leur cheval de bataille, mais pas d’illusion, le Desert Warrior a lui aussi sa part de gloire au niveau international, la preuve ? Il est devenu assez célèbre pour se retrouver dans le jeu Colin McRae Dirt sur Playstation.

L’âme ovale vert…l’aventure

Lorsque vous aurez lu ces pages, vous ne manquerez pas de vous demander ; Que reste t’il d’un Land là dedans ? Deux ponts, deux boîtes et une face avant…Vrai. Mais, face aux manque d’intérêt pour la compétition de la part de Land Rover depuis la fin de la grande époque Halt’Up ! comment nos amis Anglais pouvaient-t’ils réagir ?

Land Rover est une institution, la seule marque Anglaise fabriquée à 100%… At home… Les dingues d’off road comme le sont Drew Bowler et Paul Round, élevés depuis leur plus jeune âge à coup de grandes virées dans les Midlands en Serie I, n’imaginaient même pas une auto de course qui n’aurait au moins l’allure d’un Land.

Pour Paul Round, la seule solution fut de créer une structure qui allait aider les nombreux Anglais, fans du Dakar et autres courses dans le désert, à se lancer dans l’aventure. Rally Raid UK est né en 1999 (désormais Rally Raid International). Aujourd’hui des dizaines d’équipages auto et moto ont profités de l’assistance du camion Rouge 6×6 maison. Comme nous le dit Mike Jones, alias “Beady“ (un colosse de 2 mètres), le bras droit de Paul…On ne joue pas dans la catégorie des plus riches et des mieux équipés sur les rallye raid d’aujourd’hui, mais c’est notre passion commune avec nos clients qui fait qu’on est toujours là…On ne fera pas fortune, on le sait, mais c’est notre choix, celui de la course et de l’aventure…

Pour Karim El Zanaty notre égyptien de 41 ans propriétaire de ce Desert Warrior, c’est en confiance que l’on entre dans le clan de Paul Round…Lorsque j’ai rencontré “Beady“ sur le Rallye des Pharaons 2004, j’ai compris qu’on avait la même passion. L’année suivante, je louais un Warrior et au bout de 10 km sur la première spéciale, j’ai tout cassé sur une faute de pilotage. Avec cette équipe, j’ai quand même fini 16e du rallye aux pieds de mes pyramides… Les années suivantes, je m’embarque même sur le Dakar pour aider cette équipe incroyable à gérer l’assistance des nombreuses motos du Team.

Séduit par les réelles performances du Desert Warrior, Karim cassera sa tirelire, trouvera quelques sponsors afin de s’offrir son premier Warrior. Sur le Pharaons, sa course favorite, il s’offre en 2008 la première place des T1 Diesel. En 2009, sur le nouveau modèle qu’il pilote aujourd’hui, il finit second du Championnat Égyptien et second diesel de l’Africa Race 2010…Aujourd’hui, je participe au Tuareg Rally avec l’équipe d’assistance Rally Raid International car il fait partie de notre programme d’entraînement (petit budget), en vue du prochain Dakar pour certains et de l’Africa Race pour moi…Cette auto ne joue certainement pas dans la catégorie des ténors actuels, mais c’est une sacrée machine que nous découvrons… Capable de rivaliser avec bien des autos de gentlemen racer tous aussi passionnés que moi sur l’Africa Race… Déclare enfin Karim. Pour lui, ce challenge déjà difficile est tout à fait à la portée du coût raisonnable de ce Desert Warrior.

108 000€ le guerrier…

Cette version dénommée D4-WN1 est la plus récente du Desert Warrior conçu en 1999. S’il fut considéré à ses débuts comme une copie du Bowler Wilcat car né de ce désaccord entre Paul Round et Drew Bowler, il est loin de jouer les pâles répliques. Il est tout à fait différent, non pas par son concept, mais dans la multitude des détails qui en ont fait la machine actuelle sure. Si l’on est loin des performances des protos de pointe d’aujourd’hui, une bonne mécanique diesel et deux ponts rigides sont encore des atouts robustesses qui ont de beaux jours devant eux en rallye raid quand on est limité par son budget.

Le modèle 2009 du Warrior reprend la dernière évolution du châssis tubulaire maison utilisant des tubes d’acier T45 Chrome molybdène de diamètres 73, 52 et 38 mm. On y greffe deux ponts issus du légendaire Discovery II aux voies larges, guidés par de solides tirants bi tubes. Les arbres de transmissions sur mesure rejoignent la boîte de transfert Land Rover LT 230 réputée indestructible. Si la position de la boîte de transfert impose des arbres spécifiques, c’est que l’ensemble boîtes et moteur se trouve en position central avant pour un bon équilibre.

Côté moteur, chez nos amis Anglais on est resté fidèle au 6 cylindres 3.0 litres turbo diesel BMW des débuts, mais c’est ici la version D2 du bloc Allemand. Celui-ci développe entre 210 et 260 ch selon les réglages, pour un couple qui atteint environ 600 Nm. Si en standard Land Rover reste dans le coup avec la boîte 5 rapports R 380 (celle des defender jusqu’au Td4), on peut aussi s’offrir la boîte Tremec 6 rapports qui équipe bien des américaines et aussi les Aston Martin.

Les suspensions standards font appel à des combinés Fox simples et solides, mais si l’on veut jouer dans la cour des grands comme ici, les 8 combinés Reiger sont recommandés (240 mm de débattement). Séances d’essais et de réglages en vue.

Le réservoir de 260 litres fait aussi partie des classique maison de cette version “Dakar“. Si cela peut paraître beaucoup pour le très économique moteur BMW, c’est Paul Round qui reste intraitable à ce sujet…1 000 km d’autonomie, c’est indispensable sur un Dakar…Il se souvient d’une édition où il fut l’un des seuls à rallier l’arrivée de la spéciale à Tichit dans les temps. Pour les autres ce fut la galère faute de ravitaillement en carburant insuffisant de la part d’ASO.

Il ne nous restait plus qu’à monter à bord de cette auto à la bouille de Freelander, le fruit de 10 ans de développement sur toutes les pistes de la planète. 108 000€ le Desert Warrior flambant neuf c’est bien tentant sur le papier, vite poussons le bouton du démarreur.

Un vrai guerrier…Pour le fun

Dans l’habitacle on est à l’aise par rapport à un Wildcat, on ne manque pas d’espace et la planche de bord très simple avec son afficheur AIM. Le large pare brise emprunté à un Mitsubishi Pajero permet même au plus grand d’entre nous de conserver une vue imprenable sur la piste. Et il vaut mieux avoir l’œil vif, car dés les premiers rapports envoyés, on réalise que l’on a bien 6 cylindres de BMW sous le long capot. Le Td5 (le 5 cylindres TD du Defender de 1999), monté sur les Wilcat version diesel peut toujours s’accrocher, il est très loin derrière question souffle et allonge. Avec quelques 210 ch disponibles sur le Warrior de Karim ça tire court et l’on est vite à jouer sur les derniers rapports bien au-dessus du raisonnable.

Mais le Desert Warrior est sain, le plaisir du pilotage est droit devant sur les pistes rapides, sinueuses. Après quelques kilomètres, il n’est pas si difficile de tenir cette cadence rallye raid élevée. En confiance face à cette auto légère (1680 kg) et bien équilibrée qui réagit à chaque coup de volant, chaque sollicitation du pied droit et qui freine puissamment, le jeu de piste n’a rien d’un combat, c’est du 100% pilotage plaisir. La saignée, la bosse, l’ornière, le saut, les appuis, la glisse des 4 roues sont négociés sans appréhensions. Bien sûr, avant de savoir tirer tous les avantages de ce petit guerrier, il faudra du temps, mais il pardonne bien des erreurs grace à son empattement long (ici 110 pouces) et c’est là aussi un bel atout.

On attendait les premières dunes avec ce petit pincement au cœur. L’image de l’ensablement, des pelles, des plaques, du cric qui plane au-dessus de votre tête…Ça n’a rien d’enchanteur, sachant que le déshonneur est à la clé et que l’apéro du soir suffira à peine à faire oublier cet écart de conduite. Concentré, il faut trouver la voie, la bonne et ne pas se planter d’entrée. Surprise encore, le Warrior possède bien l’ADN des Wilcat, véritable Karting des sables. Le couple fabuleux du moteur BMW remplace sans brutalité la pêche du V8 et l’on est vite à oublier les contraintes de la boîte de vitesse bien étagée. En 2e où 3e longue, si ça rugit dans l’habitacle, la motricité incroyable nous transforme en homme du désert, juste concentré sur l’horizon vacillante et la meilleure trajectoire à emprunter face à la prochaine dune. Sans être un pro des cordons de dunes, passer devient un jeu. Un sacré dromadaire que ce Desert Warrior !

Pour Karim, que nous remercions ici de sa confiance, cette auto est vraiment parfaite si l’on fait le rapport prix/ performances. Après 6 rallyes à son bord, il ne rêve pourtant que de s’en séparer. Mais ce n’est en aucun cas par déception, bien au contraire, c’est pour s’offrir le nouveau modèle ! Si notre petit guerrier de sable vous a séduit, sachez que d’occasion il faut compter environ 75 000€ pour ce modèle 2009 révisé et équipé d’un moteur neuf. Encore quelques semaines à attendre pour Karim. Le nouveau Desert Warrior dernière évolution est magnifique. Il reprendra la recette qui a fait le succès de l’auto, plus un atout séduction ; La face avant du nouveau Range Evoque. Tarif annoncé 130 000€. L’équipe de Rally Raid International tente de joindre Victoria Beckam pour le lancement. En tout cas, nous y serons…Nous.

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